Les mesures du gouvernement britannique dans la ‘guerre contre le terrorisme’ suscitent des risques de torture

“Cher M. Tony Blair… Pouvez-vous répondre à ma question? Pourquoi mon papa est-il en prison? Pourquoi est-il loin à Guantánamo Bay?” Lettre d’Anas al Banna, fils de Jamil al Banna, au Premier ministre britannique.

Jamil al Banna, un Jordanien, et Bisher al Rawi, un Irakien, sont tous deux résidents au Royaume-Uni. Ils ont été arrêtés en Gambie en 2002, transférés vers une base américaine en Afghanistan, puis envoyés à Guantánamo. Les autorités britanniques ont joué un rôle dans leur transfert illégal aux mains des États-Unis. Jusqu’à présent, le gouvernement britannique a refusé d’entreprendre des démarches en faveur de ces deux hommes et d’un autre résident, le Libyen Omar Deghayes. Cette décision fait actuellement l’objet d’un examen judiciaire.

Le gouvernement britannique a également refusé d’intervenir en faveur d’au moins cinq autres résidents, qui sont toujours détenus à Guantánamo.

Bien que Tony Blair ait déclaré que Guantánamo représente «une anomalie dont il faudra s’occuper à un moment ou à un autre», ces paroles n’ont pas été suivies de mesures énergiques de la part du gouvernement. Les autorités britanniques devraient pourtant s’opposer au scandale que constitue Guantánamo et demander la fermeture du centre de détention situé sur la base navale américaine.

Par ailleurs, le gouvernement du Royaume-Uni tente de remettre en question l’interdiction absolue de la torture, en cherchant à transférer des personnes qu’il qualifie de «terroristes internationaux présumés» et de «menaces pour la sécurité nationale» dans des lieux où elles courraient des risques importants d’être victimes de torture ou d’autres mauvais traitements.

Pour ce faire, il négocie des «assurances diplomatiques» – dans le cadre d’accords bilatéraux – avec les gouvernements de pays où la torture et les mauvais traitements sont un problème chronique. Le Royaume-Uni a ainsi signé des mémorandums d’accord avec la Jordanie, la Libye et le Liban, et il est actuellement en négociation avec l’Algérie et l’Égypte.

La politique et les pratiques britanniques ont pour effet de donner le «feu vert» aux autres États en matière de violations des droits humains. Le rapport United Kingdom – Human rights: a broken promise (dont il existe un résumé en français, intitulé Royaume-Uni. Droits humains: la promesse violée) examine les conséquences des mesures antiterroristes britanniques, à la fois au Royaume-Uni et à l’étranger.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les autorités britanniques ont adopté une série de lois qui contiennent des dispositions contraires aux normes internationales, et leur application conduit à de graves atteintes aux droits humains et menace l’indépendance de la justice. S’il était adopté, le nouveau projet de loi relatif au terrorisme qui est actuellement à l’étude au Parlement porterait atteinte au droit à la liberté, notamment en matière d’expression et d’association, ainsi qu’au droit de bénéficier d’un procès équitable.