Dans la nuit du 19 au 20 septembre 2016, un groupe d’hommes vêtus d’uniformes de l’armée a attaqué le siège du parti d’opposition l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dans le quartier de Limete à Kinshasa. Les hommes armés ont coupé en morceaux Bouquin Bukasa, un agent de sécurité de 54 ans qui travaillait dans les locaux de l’UDPS. Ils ont ensuite mis le feu au bâtiment. Stéphane Mwabilayi, Bilomba Tshimungu, Pierre Kapena Wetu et John Mutamba Mbuyi, tous membres de l’UDPS, sont morts dans l’incendie.
Des témoins ont déclaré à Amnesty International que les agresseurs étaient des hommes armés qui portaient des uniformes de la Garde républicaine – la garde présidentielle.
Un agent de sécurité employé comme gardien dans un bâtiment voisin a déclaré à Amnesty International qu’il avait vu trois pick-ups de l’armée congolaise arriver et s’arrêter dans la rue du Petit Boulevard aux environs de 23 heures.
« Ils sont restés quelques minutes avant de faire demi-tour puis de repartir. La première fois, il y avait des gens autour du bureau du parti (connu sur place sous le nom de « Permanence »). J’ai aperçu trois autres voitures aux environs de 3 heures du matin. Je crois que c’étaient les mêmes que j’avais vues quelques heures plus tôt. Cette fois, il n’y avait personne autour et l’électricité venait d’être coupée dans le quartier. Quatre ou cinq hommes ont escaladé le mur de clôture de la Permanence et quelques instants après, j’ai entendu des explosions et j’ai vu que la maison était en feu. Les pick-ups qui attendaient dans la rue sont repartis en trombe. J’ai eu très peur ».
Plusieurs membres de l’UDPS avec lesquels Amnesty International s’est entretenue ont déclaré qu’ils pensaient que cette attaque brutale avait été menée en représailles aux attaques menées par des manifestants plus tôt dans la journée contre plusieurs bureaux du parti de la coalition au pouvoir, notamment le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l’ancien président Joseph Kabila. Les membres de la coalition au pouvoir avaient annoncé dans les médias locaux avoir l’intention de se venger des attaques contre leurs bureaux.
Les cinq membres de l’UDPS et un jeune garçon tué par une balle perdue à proximité du siège du parti le même jour ont été enterrés le 1ernovembre 2016 au cimetière de Kinsuka, les uns à côté des autres. Les responsables du parti ont déclaré que leurs six membres disparus étaient des martyrs. Ils ont promis d’ériger une pierre tombale en leur mémoire et de faire en sorte que justice soit rendue et que les responsables de leur mort rendent des comptes. Ils ont également annoncé aux familles que le parti déposerait des plaintes en leur nom. Mais depuis qu’ils sont au pouvoir, ils ne semblent plus vouloir donner suite à leurs engagements. À ce jour, aucune pierre tombale n’a été érigée et aucune enquête n’a été menée par les autorités judiciaires.
Et aucune réparation n’a été accordée aux familles.