Benjamin Badibanga Mwindilayi, abattu par la police dans un magasin devant la maison familiale

Benjamin Badibanga Mwindilayi, âgé de 18 ans, était sur le point de terminer ses études secondaires lorsqu’il a été abattu dans un magasin devant sa maison familiale à Kingabwa, au nord-est de Kinshasa. C’était au matin du 21 janvier 2018, aux environs de 11 heures. On l’avait envoyé acheter du sucre lorsqu’il a été abattu d’une balle dans la bouche par des agents de sécurité à moto. Il est mort sur le coup.

Ce jour-là, des manifestations pacifiques avaient été organisées dans tout le pays par le Comité laïc de coordination, une organisation proche de l’Église catholique, pour demander aux autorités de la RDC d’organiser les élections – qui avaient déjà accusé plus d’une année de retard.

Lorsque la famille a essayé d’emmener le corps de Benjamin à la morgue de l’hôpital Saint-Joseph, les passants les ont mis en garde contre les forces de sécurité – qui bloquaient les routes – qui risquaient de confisquer la dépouille. La famille a alors emmené le corps de Benjamin à la base militaire de la MONUSCO située à proximité. Le personnel de cette base leur a conseillé d’emmener le corps à l’Hôpital du Cinquantenaire. À leur arrivée, les autorités de l’hôpital ont refusé de prendre le corps de Benjamin au motif qu’il était mort d’une blessure par balle.

La famille, accompagnée par le personnel des Nations unies et de la Croix-Rouge a emmené le corps de Benjamin à l’hôpital général de Kinshasa. Selon les témoignages de ses proches, son corps a été abandonné sur le sol de la morgue de cet hôpital public pendant plusieurs jours.

Les autorités ont dans un premier temps rejeté les demandes d’embaumement du corps de Benjamin. Et lorsque le procureur a finalement autorisé l’embaumement le 30 janvier, le corps était décomposé. A la veille de son enterrement, sa famille a ramené son corps dans la maison familiale pour faire le deuil. Ils ont dû utiliser des bâtons d’encens pour masquer la mauvaise odeur de son corps décomposé.

Benjamin a été enterré le 3 février 2018.

Sa famille a adressé une lettre au ministère des droits humains. Aucune autorité officielle ou judiciaire n’a à ce jour rendu visite à la famille de Benjamin. À la connaissance de la famille, aucune enquête n’a été diligentée pour faire la lumière sur sa mort.

Lorsque Amnesty a rendu visite à la mère de Benjamin en 2018, elle a déclaré que : « Mon enfant n’a participé à aucune manifestation. Ils sont venus le chercher à la maison ».

Sa douleur était toujours intacte lorsqu’en août 2019 nous sommes retournés la voir. Elle a une nouvelle fois montré au personnel d’Amnesty les raccordements électriques qu’il avait réalisés et les travaux de plomberie qu’il effectuait dans la maison familiale.

Benjamin a été tué par ceux qui étaient censés le protéger.