Céline Narmadji : Le courage de résister aux intimidations

À bord du navire des droits humains, elle guette le large et attire l’attention sur toute violation. Femme debout avec courage, Céline Narmadji poursuit un chemin semé d’arrestations et d’intimidations. Même la prison n’a pas altéré son engagement.

Dans un pays où les voix dissidentes sont très souvent opprimées, arrêtées et persécutées, Céline Narmadji tient à assumer son rôle : défendre les droits humains au Tchad quel qu’en soit le prix. Son travail, très souvent l’expose ainsi que ses proches : « Si le défenseur ne fléchit pas, elles ont recours aux arrestations, aux détentions et parfois à l’assassinat,» explique Céline Narmadji.

Les autorités mettent d’abord la pression sur la famille proche pour atteindre le défenseur et le dissuader. Si la famille n'est pas en mesure de faire taire le défenseur, les autorités font monter la pression au niveau du chef de clan

Céline Narmadji, défenseur des droits humains au Tchad

Au front depuis les années 1990 où elle s’est engagée avec la Ligue tchadienne des droits de l’homme puis l’Association des femmes pour le développement et la culture de paix au Tchad, Céline est, depuis octobre 2014, porte-parole du mouvement « Trop c’est trop », une coalition formée de 19 organisations de la société civile tchadienne. Elle a pour objectif de défendre les Tchadiens contre ‘l’arbitraire et les différentes violations des droits humains.’

Le fait d’assumer de telles responsabilités se fait, le plus souvent, au prix de plusieurs sacrifices personnels et surtout du risque d’être privée de liberté. Céline n’y a pas échappé. En mars 2016, Céline est en effet arrêtée avec trois militants lors d’une manifestation pacifique appelant à une alternance politique et à une meilleure gouvernance. Ils seront inculpés « d’incitation à un rassemblement non armé, de troubles à l’ordre public et de désobéissance à un ordre légitime ».

Malgré la stigmatisation et la persécution elle refuse, comme elle le dit, « de se faire corrompre ». « Le gouvernement utilise la corruption, le chantage, tous les moyens à sa disposition pour faire taire la société civile, les médias et toutes voix discordantes, » explique Celine Narmadji.

A 50 ans passés, elle a été appelée par tous les noms d’oiseaux. Céline et les défenseurs des droits humains sont, selon les autorités, « des bandits de grands chemins », « des Tchadiens à la solde des étrangers », des « apatrides », et « ceux qui n’aiment pas leurs pays ».

Pourtant, ceux qui connaissent Céline admirent en elle la femme qui reste debout avec courage, déterminée à défendre le droit des femmes et combattre l’injustice dans son pays le Tchad.