La réinstallation des réfugiés change des vies

En 2015, plus d’un million de personnes ont gagné l’Europe à bord d’embarcations bondées et précaires.

Pourquoi un nombre aussi impressionnant de réfugiés et de demandeurs dasile versent-ils des milliers de dollars à des passeurs pour risquer leur vie ? La réponse est simple : parce quils nont pas dautre choix. Avec la fermeture des frontières, rares sont ceux qui peuvent espérer atteindre un autre pays en toute sécurité et légalité.

Nul ne devrait avoir à risquer sa vie au cours dun dangereux périple pour obtenir la protection à laquelle il a droit. Et les gouvernements pourraient très facilement y remédier.

Comment ? En offrant à ces personnes des solutions.

Le Canada, par exemple, a ouvert ses portes à 25 000 réfugiés syriens depuis novembre 2015. Chacun dentre eux a gagné son nouveau pays daccueil par le moyen le plus évident : lavion. Ils ont pu le faire grâce à une solution appelée réinstallation.

Nul ne devrait avoir à risquer sa vie au cours d’un dangereux périple pour obtenir la protection à laquelle il a droit.

Une goutte d’eau dans l’océan

81 893
réfugiés réinstallés dans le monde sur l’année 2015 (HCR).
30
pays dans le monde proposent des places de réinstallation, sur un total de 196.
place de réinstallation proposée par les pays du Golfe comme l’Arabie saoudite et le Qatar.

Qu’est-ce que la réinstallation ?

La réinstallation est un système permettant de protéger les réfugiés les plus vulnérables – les personnes qui ont été torturées, par exemple, ou les femmes risquant de subir des violences (voir la liste des personnes concernées ci-dessous).

En résumé, voici comment cela fonctionne : vous êtes contraint de quitter votre foyer et de fuir vers un autre pays. Là, vous êtes reconnu comme réfugié-e, soit par lagence de lONU spécialisée dans la protection des réfugiés, le HCR, soit par les pouvoirs publics locaux. Vous risquez cependant toujours de faire face à certaines menaces telles que des sévices de nature sexuelle ou à des difficultés pour bénéficier de certains soins vitaux, par exemple.

Le HCR va déterminer si vous remplissez ses « critères de vulnérabilité » et si vous avez par conséquent besoin dêtre mis-e de toute urgence à labri dans un autre pays. Cest ce quon appelle la réinstallation.

Si vous êtes retenu-e, vous allez maintenant attendre avec impatience qu’une place se présente. Et, avec un peu de chance, vous allez peut-être recevoir un jour un coup de téléphone vous invitant à faire vos bagages pour partir vous installer dans un pays tiers.

Réfugiés pouvant bénéficier de la réinstallation :

Les victimes de tortures ou de graves violences
Les personnes ayant besoin de soins médicaux, par exemple pour une maladie grave ou une longue maladie
Les femmes et les filles exposées aux abus ou à l’exploitation
Les enfants et adolescents non accompagnés
Les personnes en butte à des persécutions en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre
Les personnes qui ont besoin d’une protection juridique ou physique – par exemple, si elles risquent d’être expulsées vers un pays où elles pourraient être torturées ou tuées
Les personnes ayant quitté leur pays depuis longtemps et qui ne peuvent pas rentrer chez elles dans un futur prévisible

Existe-t-il d’autres itinéraires sûrs et légaux ?

Oui. Les États peuvent ouvrir dautres « voies » offrant une certaine protection en cas durgence, comme dans le cadre de la crise des réfugiés syriens. Celles-ci incluent :

  • Des bourses et des visas détudes permettant à des réfugiés dentamer ou de poursuivre un cycle denseignement.
  • Des visas de travail permettant à des personnes ayant un métier de trouver du travail à létranger.
  • Des visas médicaux permettant à des personnes gravement malades de recevoir les soins vitaux dont elles ont besoin.
  • Le regroupement familial, qui permet à des réfugiés de rejoindre des proches vivant déjà à létranger.
  • Le parrainage privé impliquant des particuliers ou des organismes privés, qui financent linstallation de réfugiés au sein de leur communauté.

En ouvrant ces voies d’accès à un nombre beaucoup plus élevé de personnes réfugiées, on permettra à ces dernières de se rendre dans de nouveaux pays d’accueil de manière sûre et organisée. Elles seraient donc moins nombreuses à risquer leur vie pour se mettre en sécurité.

Les Suédois sont chaleureux, affirme Mahmoud. Chacun a un sourire pour moi. «Puis-je vous aider ?» Voilà la première phrase que j’ai su dire en suédois.

Mahmoud, réfugié syrien réinstallé en Suède

Quel changement ces solutions peuvent-elles apporter ?

Des itinéraires sûrs et légaux peuvent être une question de vie ou de mort pour les réfugiés.

Cela peut leur éviter davoir à donner toutes leurs économies à un passeur, pour mettre toute leur famille en grand danger ; ou de se faire rouer de coups, exploiter ou agresser sexuellement, et leur éviter de longues marches éreintantes.

Cela peut également leur permettre de fuir une pauvreté terrible dans des pays daccueil qui ne peuvent pas gérer lafflux – comme le Liban, où une personne sur cinq aujourdhui est un réfugié syrien.

Surtout, des solutions comme la réinstallation offrent un espoir à des personnes qui ont tout perdu. Elles promettent des choses simples et basiques auxquelles chacun aspire – des soins médicaux corrects, un logement, une éducation pour ses enfants.

Et elles sont un moyen crucial de protéger les droits humains de ces personnes lorsque leur propre pays ne veut ou ne peut pas le faire.

Ce que demande Amnesty

Tout cela semble sensé, juste et faisable ?

Oui. Hélas, seule une petite partie des réfugiés qui remplissent les critères pour la réinstallation reçoivent cet appel de la plus haute importance leur annonçant leur départ pour létranger.

Car rares sont les pays qui ont suivi lexemple du Canada et proposent un nombre suffisant de places de réinstallation pour faire changer les choses. Pour sauver des vies et soulager les souffrances, Amnesty demande aux gouvernements daugmenter de manière significative le nombre de places de réinstallation et douvrir des itinéraires sûrs et légaux.

Nous demandons aux pays du monde entier d’accueillir au moins 10 % des réfugiés du monde chaque année. En 2015, seules 134 044 places de réinstallation ont été proposées dans le monde par seulement 30 pays, et beaucoup nont pas encore été accordées. Il faut proposer un nombre beaucoup plus élevé de places, et vite.

Notre réaction à la crise mondiale des réfugiés déterminera le genre de monde dans lequel nous et les générations futures allons vivre. Rejoignez notre campagne Jaccueille ! : ensemble, nous pouvons pousser nos gouvernements à faire la preuve de leur capacité à véritablement montrer lexemple, en investissant dans la vie et lavenir des gens.