Faire face ensemble aux tortionnaires

À l’heure où la nouvelle campagne Stop Torture d’Amnesty International débute dans le monde entier, notre secrétaire général Salil Shetty retrace une rencontre motivante avec Claudia Medina, rescapée de la torture.

Le secrétaire général d’Amnesty Salil Shetty avec Claudia Medina, rescapée de la torture, à Mexico (février 2014).© Amnesty International
Le secrétaire général d’Amnesty Salil Shetty avec Claudia Medina, rescapée de la torture, à Mexico (février 2014).© Amnesty International

« Je suis ici pour vous demander de l’aide, m’a confié Claudia Medina lorsque je l’ai rencontrée au Mexique en début d’année. Je vais signaler un cas de torture. »

Ses paroles m’ont touché, car je savais ce que Claudia avait vécu. À 3 heures du matin le 7 août 2012, des fusiliers marins ont fait irruption dans la maison qu’elle partageait avec son époux et ses trois enfants. Ils l’ont embarquée dans une camionnette pour la conduire à la base navale de Veracruz, les mains liées, les yeux bandés. Ils l’ont accusée d’appartenir à une bande criminelle puissante, réputée pour sa violence, ce qu’elle a nié catégoriquement.

Selon le récit de Claudia, ses tortionnaires lui ont administré des décharges électriques et assené des coups de poing et de pied en l’ayant enveloppée de plastique pour ne pas laisser de marques. Ils l’ont agressée sexuellement. Ils l’ont ligotée sur une chaise et l’ont laissée dehors sous le soleil cuisant de l’après-midi.

Le lendemain, ils ont obligé Claudia à signer une déposition qu’elle n’avait même pas lue. Elle a été exhibée devant les médias comme une dangereuse criminelle. Mais, quelques jours plus tard, les charges retenues contre elle ont été abandonnées, à l’exception d’une, et elle a été libérée sous caution.

La torture est la méthode préférée de certains policiers et militaires mexicains pour enquêter sur les crimes. Ils obligent ainsi les suspects à signer de fausses déclarations qu’ils utilisent pour les poursuivre en justice et faire croire par la même occasion que le Mexique lutte efficacement contre le crime.

Claudia a pu révéler à un juge qu’elle avait été torturée, et ce magistrat a ordonné l’ouverture d’une enquête. Mais, à ce jour, les autorités compétentes – le bureau du procureur général – n’ont pas donné suite à cette demande. De plus, elles s’opposent à ce que Claudia subisse un examen médical répondant aux normes des Nations Unies qui pourrait étayer ses allégations de torture. Si cet examen avait été effectué au moment où elle a formulé ses allégations de torture, Claudia aurait disposé d’éléments plus probants concernant les traitements qu’elle a subis.

Près de deux ans plus tard, Claudia est lasse d’attendre. « Avant, j’avais peur et je croyais qu’il valait mieux ne rien dire, m’a-t-elle confié. Mais je ne peux pas accepter cela. » Elle sait que des milliers de personnes ont subi le même traitement. Et elle veut empêcher qu’il soit infligé à d’autres.

C’est pourquoi Claudia a décidé de relater publiquement son histoire dans le cadre de la nouvelle campagne mondiale d’Amnesty, Stop Torture.

Je sais combien il est difficile de braver les forces armées et la police mexicaines. Mais je sais aussi qu’elle n’est pas seule : nous sommes à ses côtés.

Oui, lui ai-je répondu, Amnesty, forte de plus de 3 millions de sympathisants, peut l’aider et l’aidera, ainsi que les autres rescapés de la torture, à obtenir la justice. C’est notre raison d’être. Ensemble, nous ferons pression sur les États pour qu’ils rendent justice à ces femmes et ces hommes et empêcherons que cela ne se reproduise.

Cette rencontre avec Claudia m’a stimulé, elle m’a rempli d’espoir. Quand je vois une femme qui a été maltraitée et même torturée faire encore preuve de tant d’énergie, de courage et de conviction, cela me donne des forces et me convainc que, si Claudia peut le faire, nous aussi le pouvons.

Engagez-vous ici. Engagez-vous maintenant. Stop torture

Pour en savoir plus sur notre campagne, lisez le tout dernier numéro du FIL, le magazine mondial de campagne d’Amnesty.

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