Le compte à rebours des OMD : 999 jours restants…

Par Savio Carvalho, directeur de la campagne Exigeons la dignité d’Amnesty International

Quelle agréable surprise aujourd’hui de voir que le hashtag #mdgmomentum fait partie des plus utilisés sur Twitter. Il semble que, du moins chez les utilisateurs de ce réseau social, la poursuite des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) connaisse un nouvel élan.

Il ne reste que 999 jours pour les réaliser au moyen d’actions concrètes des gouvernements et d’autres institutions, soit en travaillant directement sur le terrain, soit en honorant des engagements tels que les promesses d’aide.

Pour certains, les 999 prochains jours changeront les choses avec un peu de chance. Ces derniers mois, j’ai souvent entendu que le succès ou l’échec du projet des OMD dépendrait de la manière dont on le considère – le verre à moitié plein ou à moitié vide. Pour l’immense majorité des gens, cependant, – notamment les plus vulnérables – rien n’aura vraiment changé. Leurs verres sont visiblement loin d’être à moitié pleins.

Au regard de cette situation, il est étrange de voir qu’il se passe bien des choses au niveau de la politique internationale concernant le « cadre post-2015 ». On parle beaucoup de ce projet qui prendra la suite de celui des OMD. Les conférences, les rapports de recherche, les consultations nationales et les événements mondiaux se multiplient, principalement dans des lieux d’échange choisis de la communauté internationale.

Néanmoins, il faut davantage de mobilisation et d’implication des personnes qui vivent dans la pauvreté.

Navanethem Pillay, haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, s’est récemment interrogée sur le fait de savoir si les approches utilisées par les OMD correspondaient toujours aux demandes des personnes qu’ils étaient supposés servir. Elle a eu raison de poser la question.

Au cours de la dernière décennie, les gouvernements, les donateurs, les organes de l’ONU et de nombreux organismes d’aide au développement ont chanté les louanges des OMD. Or, les OMD ont été formulés selon un processus opaque. Au fil des ans, ils ont perdu leur éclat en tant que formule pour mettre fin à la pauvreté dans le monde.

Dans certains pays, ils sont devenus un outil parmi d’autres pour obtenir des engagements d’aide ou une assistance technique et sont utilisés pour détourner l’attention de problèmes essentiels et structurels.

Les OMD ont certes établi des objectifs et des cibles, mais ils ont éludé les obligations des États en matière de droits humains, alors que certains droits sont cruciaux pour vaincre la pauvreté – par exemple grâce à la bonne gouvernance, à l’état de droit et au respect de l’obligation de rendre des comptes.

Le secrétaire général des Nations unies a créé un Groupe de haut niveau chargé de conseiller sur le cadre post-2015. Celui-ci devrait soumettre son rapport le mois prochain.

Il y a quelques jours, lors d’un sommet de la société civile à Bonn, une cinquantaine de personnes et d’organisations ont lancé un avertissement au Groupe de haut niveau. Ils lui ont déconseillé de mettre au point des objectifs, cibles et indicateurs réducteurs qui ne tiendraient pas compte de ce qu’il faut pour transformer l’actuel modèle de développement, qui est ancré dans une production et une consommation non viables et exacerbe les inégalités.

Nous devons nous rappeler les mots de la Déclaration du millénaire prononcée aux Nations unies par les États membres, qui ont résolu de « chercher à assurer, dans tous les pays, la promotion et la protection intégrale des droits civils et des droits politiques, économiques, sociaux et culturels de chacun ».

Cet élément peut et doit être le point de départ, le fondement et le cœur même du cadre post-2015. Cela vaut la peine de prendre le temps de réfléchir aux aspirations de la Déclaration du millénaire et de veiller à ce que le nouveau cadre puisse être à la hauteur de ces aspirations.

On ne doit pas négocier les engagements à garantir que la politique et les programmes de développement soient conformes aux obligations en matière de droits humains, dotés d’objectifs et de cadres de développement fondés sur le droit international relatif aux droits humains, et à s’assurer que le développement n’exclue personne, vise à supprimer la discrimination et les inégalités et accorde la priorité aux catégories défavorisées.

Les Nations unies et les dirigeants mondiaux doivent faire preuve d’initiative et prendre un nouveau départ avec des propositions de cadre ambitieuses, audacieuses et cohérentes pour le programme de développement au-delà de 2015.