Les autorités angolaises doivent abandonner les accusations de diffamation contre le journaliste auteur de Blood diamonds

Les autorités angolaises doivent renoncer à prolonger l’affaire de diffamation visant le journaliste d’investigation Rafael Marques de Morais, a déclaré Amnesty International mercredi 27 mai 2015.

Rafael Marques de Morais doit comparaître devant le tribunal le 28 mai pour l’audience de fixation de la peine.

Le 25 mai, le procureur général a demandé au juge de déclarer Rafael Marques de Morais coupable de diffamation et de le condamner à 30 jours de prison, alors qu’un accord avait été trouvé la semaine dernière qui avait débouché sur l’abandon de plus de 20 chefs de diffamation portés à son encontre.

« La requête du procureur général de déclarer Rafael Marques de Morais coupable de diffamation témoigne clairement d’un abus de justice visant à intimider ceux qui osent dire la vérité aux détenteurs du pouvoir en Angola, a déclaré Deprose Muchena, directeur pour l’Afrique australe à Amnesty International.

« L’accusation ne doit pas poursuivre la procédure et le procureur général et le ministère public doivent abandonner sans condition toutes les charges retenues contre lui, conformément aux termes de l’accord négocié en audience publique.

« Les généraux et les entreprises ayant déjà reconnu sans réserve que Rafael Marques de Morais n’avait pas commis de diffamation à leur égard, il n’y a aucune raison pour que le procureur insiste pour poursuivre l’affaire et solliciter une mesure punitive. »

Rafael Marques de Morais a été jugé pour des accusations liées au livre qu’il a écrit en 2011, Blood Diamonds, dans lequel il affirmait que des généraux de l’armée angolaise et deux compagnies minières étaient complices des atteintes aux droits humains commises dans les zones diamantifères des provinces de Lunda-Nord et Lunda-Sud, en Angola.

Rafael Marques de Morais s’est vu décerner plusieurs récompenses internationales prestigieuses et est reconnu pour son travail courageux en tant que journaliste. Il a été arrêté et détenu à plusieurs reprises en Angola, uniquement pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d’expression.

 « Amnesty International est convaincue qu’il est poursuivi pour des motifs politiques, dans le but de réduire au silence un militant déterminé à dénoncer la corruption, les abus de pouvoir et les violations des droits humains perpétrés en Angola. Les autorités ne doivent plus chercher à museler son travail en le mettant en prison, en le condamnant à des amendes prohibitives, en le menaçant d’une sentence avec sursis, ou en confisquant son passeport, ce qui restreindrait sa liberté de mouvement, a déclaré Deprose Muchena.

« Fidèle à sa position émergente de leader sur le continent, l’Angola doit garantir que les défenseurs des droits humains puissent travailler dans un environnement sûr et favorable, et qu’ils ne soient pas poursuivis en justice parce qu’ils exercent leur droit à la liberté d’expression. »

 L’accusation contre Rafael Marques de Morais va à l’encontre des normes africaines et internationales relatives aux droits humains que l’Angola a ratifiées, et qui disposent que l’emprisonnement n’est jamais une mesure appropriée dans les cas de diffamation.

Amnesty International suit le déroulement de ce procès depuis qu’il s’est ouvert, en mars 2015, et continuera de le faire.