Annonce de la Commission européenne sur les migrations : des mots justes, mais pas de solutions

L’annonce faite ce jeudi 19 février par la Commission européenne sur la gestion de la crise migratoire en Méditerranée proposait une bonne analyse de la situation générale, sans toutefois offrir de solutions concrètes pour protéger et sauver des vies, a déclaré Amnesty International.

« Nous reconnaissons qu’il faut de toute urgence trouver une solution européenne au manque criant de moyens de recherche et de sauvetage, mais ce n’est pas ce qui a été offert ici. Les États membres doivent intensifier leurs efforts et intervenir davantage. Le prolongement de l’opération Triton sans augmentation de ses capacités ni élargissement de son périmètre d’intervention ne change absolument rien », a déclaré Iverna McGowan, directrice par intérim du Bureau d’Amnesty International auprès des institutions européennes.

Lors d’une conférence de presse tenue à Bruxelles, Dimitris Avramopoulos, commissaire européen en charge des migrations, des affaires intérieures et de la citoyenneté, a admis que l’Union européenne (UE) devait réagir plus efficacement face à l’augmentation du nombre de migrants, de demandeurs d’asile et de réfugiés qui tentaient de traverser la Méditerranée.

Il s’est engagé à prolonger l’opération Triton, opération européenne de surveillance des frontières, jusqu’à la fin de l’année et a annoncé le déblocage de fonds d’urgence, d’un montant de 13 millions d’euros, pour aider l’Italie à accueillir les migrants rescapés, mais il n’a évoqué aucun renforcement des opérations de recherche et de sauvetage. Avant qu’il n’y soit mis un terme, à la fin de l’année 2014, l’opération italienne de recherche et de sauvetage Mare Nostrum avait permis de sauver des milliers de vies, pour un coût de 9,5 millions d’euros par mois. Le coût de l’opération Triton, nettement plus restreinte, est compris entre 1,5 et 2,9 millions d’euros par mois.

En dépit de la fin de Mare Nostrum, les gardes-côtes italiens continuent de mener des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, contribuant ainsi à secourir plus de 2 800 personnes la semaine dernière seulement, avec le déploiement notamment de ressources de l’agence Frontex. La mort de plus de 300 migrants, un peu plus tôt ce mois-ci, à proximité de l’île italienne de Lampedusa met en évidence le manque criant de ressources consacrées à la recherche et au sauvetage.

« Cette nouvelle tragédie non loin de Lampedusa avait révélé à quel point l’approche actuelle de l’Union européenne pour la surveillance des frontières était inadaptée face à la crise humanitaire de plus en plus grave en Méditerranée. L’annonce faite ce jeudi 19 février n’a pas changé la donne : en l’absence de ressources supplémentaires allouées par les États membres à la recherche et au sauvetage, de plus en plus de personnes mourront en haute mer », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.