France. L’expulsion forcée du campement de Bobigny laissera des familles roms sans abri

Des dizaines de familles se retrouveront à la rue si les autorités françaises procèdent à l’évacuation prévue cette semaine d’un campement rom installé dans une banlieue de Paris, a déclaré Amnesty International lundi 20 octobre 2014. Plus de 200 Roms vivant dans un campement précaire près de Bobigny seront expulsés de force de chez eux dans les prochaines 48 heures, alors que beaucoup d’entre eux ne se sont pas vus proposer de solution de relogement. « Cette expulsion forcée jettera des familles entières – avec enfants, malades et personnes âgées – à la rue, et les privera de leurs droits fondamentaux, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale à Amnesty International. « Les autorités françaises doivent la suspendre, jusqu’à ce qu’elles soient en mesure de fournir des solutions de relogement adaptées, en accord avec la communauté rom qu’il convient de consulter. » Aux termes des normes internationales relatives aux droits humains, les expulsions ne doivent pas laisser les personnes concernées sans toit, ni les exposer à d’autres violations de leurs droits. L’expulsion est imminente, bien que le Tribunal de grande instance de Bobigny ait statué au mois de juillet qu’elle constituerait une violation du droit à la famille et à la vie privée. Il avait également rejeté l’affirmation de la mairie, selon laquelle il fallait agir de toute urgence. Environ deux tiers des habitants du campement se sont vus proposer des solutions de relogement, pour la plupart des familles dont les enfants sont scolarisés à Bobigny. D’autres, dont des familles avec de très jeunes enfants, des personnes âgées ou encore des malades, vont se retrouver sans domicile. En outre, les solutions de relogement proposées par les autorités ne sont pas adaptées : en effet, il s’agit d’appartements qui ne sont pas conçus pour accueillir des familles et qui se trouvent pour certains au-delà de la banlieue parisienne, très loin des écoles que fréquentent actuellement les enfants de Bobigny. L’évacuation a été décidée après la réalisation au mois d’août d’un diagnostic social du campement de Bobigny, sollicité par les autorités. Des solutions de relogement n’ont été proposées qu’aux familles ayant des enfants d’âge scolaire. Or, beaucoup n’étaient pas sur place au moment du diagnostic, réalisé pendant les vacances scolaires : elles n’ont donc pas été consultées et ne se sont pas vues proposer de logement. « Procéder à l’évacuation de ce campement aura des conséquences désastreuses pour les Roms de Bobigny et ruinera les progrès faits ces derniers mois en vue d’intégrer ces familles dans la société », a déclaré John Dalhuisen. « Si elle a lieu en l’absence de véritable consultation et sans mesures de relogement adaptées, l’expulsion de Bobigny constituera une expulsion forcée, et bafouera le droit international relatif aux droits humains. »