France. Les expulsions forcées dans des camps de Calais risquent d’aggraver les problèmes sanitaires

L’expulsion, mercredi 28 mai, de quelque 700 migrants et demandeurs d’asile hors de camps situés dans le nord de la France risque d’aggraver les problèmes sanitaires qui ont selon les autorités motivé cette procédure, a déclaré Amnesty International. Le matin du 28 mai, des policiers français ont encerclé les camps improvisés occupés par des migrants et des demandeurs d’asile dans la région de Calais et ont commencé à les démolir, affirmant ainsi réagir à l’apparition d’une épidémie de gale dans ces camps. « Les autorités françaises semblent se servir des expulsions forcées comme d’une solution à une urgence sanitaire, une décision qui risque de causer plus de problèmes qu’elle n’en résout. On ignore où les personnes expulsées trouveront à se reloger et comment elles arriveront à obtenir les soins dont elles ont besoin », a déclaré Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « L’expulsion n’est pas la solution. Cette situation nécessite un plan sanitaire bien conçu et adapté. Cela n’a malheureusement rien de nouveau ; les autorités françaises sont connues pour procéder à des expulsions forcées de masse sans proposer de solutions de remplacement satisfaisantes aux personnes concernées. »Des organisations non gouvernementales (ONG) locales ont indiqué que la majorité des personnes vivant dans ces camps sont des ressortissants syriens, afghans et érythréens, dont certains avaient déjà demandé l’asile en France et d’autres espéraient se rendre au Royaume-Uni. Un groupe de 10 ONG médicales, de défense des droits humains et des droits des migrants, parmi lesquelles figurent Amnesty International France, ont écrit mardi 27 mai au Premier ministre français, avant cette expulsion de masse, pour lui rappeler que la situation sanitaire dans ces camps était catastrophique.   Les ONG ont exhorté les autorités françaises à réagir en adoptant des mesures adaptées sur le plan sanitaire plutôt que de procéder à une expulsion. « Il est consternant que les autorités françaises aient mené cette expulsion de masse et n’aient pas pris en considération les mises en garde répétées des ONG sur la terrible situation sanitaire qui prévalait dans les camps informels de la région de Calais. Les informations faisant état d’une distribution inadaptée de traitements contre la gale sur le terrain ajoutent à notre inquiétude », a déclaré Stephan Oberreit, directeur d’Amnesty International France. « La France doit honorer ses obligations vis-à-vis des migrants et des demandeurs d’asile, et les traiter avec dignité au lieu de les abandonner. »L’opération de police du 28 au matin a fait suite à une décision du préfet du Nord-Pas-de-Calais de procéder à une expulsion pour raisons sanitaires en réaction à l’apparition d’une épidémie de gale. Selon certaines informations, seul un nombre inconnu de mineurs parmi les personnes expulsées se verra proposer une solution de relogement provisoire. Amnesty International, des ONG françaises et des associations locales craignent que la plupart des habitants de ces camps ne se retrouvent à la rue et ne soient exposés à d’autres violations des droits fondamentaux. Une expulsion forcée est une expulsion sans notification adéquate, sans consultation des personnes concernées, sans garanties juridiques et sans mesures de relogement dans des conditions adaptées. Aux termes du droit international, la France ne doit pas procéder à des expulsions forcées et doit en protéger toutes les personnes, y compris les migrants et les demandeurs d’asile, en particulier face à une urgence sanitaire. Les conditions de vie et de santé déjà précaires dans les camps informels sont souvent aggravées par les expulsions forcées, qui perpétuent l’absence de logements décents et peuvent interrompre les soins et les programmes proposés par des organismes de santé et des ONG aux personnes vivant dans ces camps.