Tatars de Crimée. Une population menacée de persécutions dans la nouvelle Crimée

Les Tatars de Crimée ont un avenir incertain dans la péninsule annexée, a déclaré Amnesty International le 23 mai 2014, alors que va avoir lieu une élection à la présidence de l’Ukraine à laquelle ils ne pourront participer, pas plus que les autres habitants de la Crimée. « Bien que les autorités de facto de la Crimée assurent vouloir protéger les droits des Tatars, depuis l’annexion de la péninsule par la Russie en mars 2014, cette population n’a cessé de subir des violences et discriminations qui vont croissant, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale. « Les autorités russes ont laissé agir librement en Crimée des groupes armés qui ont été à l’origine d’attaques brutales contre les Tatars. Elles se sont aliéné les Tatars de Crimée en harcelant les dirigeants tatars, en menaçant de dissoudre leur organe représentatif et en restreignant leurs droits à la liberté de réunion et d’expression. « Environ 7 000 Tatars ont déjà fui la Crimée. Ceux qui sont restés doivent faire un choix peu enviable : soit ils renoncent à leur nationalité ukrainienne en faveur de la nationalité russe, soit ils deviennent des “étrangers” dans leur propre pays. » Après la Seconde Guerre mondiale, environ 200 000 personnes ont été déportées vers des parties lointaines de l’Union soviétique, pour avoir prétendument collaboré avec les forces d’occupation allemandes pendant la guerre. Près de la moitié d’entre eux seraient morts de faim ou de maladie en conséquence directe de la déportation. Les survivants ont eu l’autorisation de revenir en Crimée à la fin des années 1980. La synthèse d’Amnesty International intitulée Harassment and violence against Crimean Tatars by state and non-state actors présente les préoccupations d’Amnesty International depuis l’annexion de la péninsule par la Russie le 21 mars 2014 :  • Des militants tatars ont été capturés et maltraités par des groupes d’hommes en armes, et l’un d’eux a été tué ;  • Moustafa Djemilev, chef de file des Tatars de Crimée et parlementaire ukrainien, s’est vu interdire de revenir sur sa terre natale ;  • De très nombreux Tatars de Crimée ont fait l’objet de poursuites pour avoir participé à des manifestations pacifiques ;  • Le Medjlis, haute assemblée représentative des Tatars, a été menacé de dissolution ;  • Les Tatars subissent des pressions visant à ce qu’ils renoncent à leur nationalité ukrainienne et demandent des passeports russes.