Chine. Le scandaleux « procès-spectacle » dans un stade est un déni de justice

Juger collectivement 55 personnes, comme cela s’est fait dans un stade au Xinjiang, région autonome ouïghoure du nord-ouest de la Chine, n’est pas une réaction adéquate face aux craintes concernant la sécurité publique, a déclaré Amnesty International. Cinquante-cinq personnes, pour la plupart des Ouïghours musulmans semble-t-il, ont été jugées pour terrorisme, séparatisme et meurtre. Trois d’entre elles ont été condamnées à mort. « Les responsables des violentes attaques qui ont eu lieu récemment ont fait preuve d’un mépris cynique à l’égard de la vie et devront rendre compte de leurs actes. Mais des procès expéditifs à grand spectacle ne rendront pas justice aux victimes. Condamner des personnes à l’issue de procès iniques ne fera qu’exacerber les tensions dans la région », a dit William Nee, chercheur d’Amnesty International sur la Chine. Les médias de l’État ont rapporté que le prononcé des peines s’est déroulé devant plus de 7 000 personnes. D’après les informations dont dispose Amnesty International, tous les condamnés risquent d’être torturés en détention. Le dirigeant local du Parti communiste, Zhang Chunxian, a récemment déclaré que les suspects devaient être « sévèrement punis » avant le procès. « Avec des parodies de ce type, les autorités chinoises semblent plus soucieuses de satisfaire l’opinion publique que de respecter la justice. Il est hautement improbable que les accusés aient été jugés équitablement », a ajouté William Nee. La succession de jugements a fait suite à une vague d’attaques alors que les tensions ethniques s’accentuent dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Le 22 mai, 31 personnes ont été tuées et plus de 90 blessées lorsque des bombes ont été lancées de deux voitures qui circulaient dans une rue très fréquentée d’Urumqi, la capitale de la région. Les autorités chinoises ont ouvert une campagne « frapper fort » pour riposter contre les récentes attaques. Une campagne antiterroriste a été lancée la semaine dernière avec un défilé de forces antiterroristes et d’équipements militaires dans la ville. « Les autorités chinoises ont le devoir de veiller à la sécurité publique, mais leur réaction à ce jour ne fait visiblement qu’aviver les tensions », a déclaré William Nee. Les Ouïghours sont victimes d’une discrimination répandue, notamment dans les domaines de l’emploi, de l’éducation et du logement. Leur liberté religieuse est entravée et ils sont mis à l’écart sur le plan politique.