Pakistan : halte aux violences liées aux élections et priorité aux droits humains dans la campagne électorale

Les autorités pakistanaises doivent enquêter sur la vague d’attaques et de menaces visant des candidats politiques et des agents électoraux, écrit Amnesty International dans une “>lettre ouverte publiée avant que le pays ne se rende aux urnes pour les élections générales du 11 mai. L’organisation a également appelé tous les partis politiques et les candidats à s’engager, pendant la campagne, à prendre des mesures spécifiques pour améliorer la situation des droits humains dans le pays. « Cela a été une période électorale particulièrement meurtrière, marquée par une poussée inquiétante des attaques et actes d’intimidation contre des militants politiques et des agents électoraux », a déclaré Mustafa Qadri, chercheur d’Amnesty International pour le Pakistan. La campagne en vue des élections générales a été marquée par diverses atteintes aux droits humains. Au moins 37 personnes ont été tuées et 183 autres blessées au cours d’attaques visant des agents électoraux, ainsi que des représentants et sympathisants de partis politiques dans tout le pays. On compte notamment les attentats qui semblaient cibler un bureau du Mouvement Muttahida Qaumi (MQM), parti politique de Karachi, ainsi qu’un chef de file du Parti démocratique hazara, à Quetta, le 23 avril. Le 24 avril, d’autres attentats à l’explosif visaient apparemment le candidat du Parti du peuple pakistanais à Peshawar et un candidat indépendant à Dera Ismail Khan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Deux candidats aux élections ont été assassinés par des talibans pakistanais depuis l’annonce des élections en mars. Des responsables des élections ainsi que des candidats et sympathisants ont fait face à des menaces provenant de divers groupes, et dans les zones tribales du nord-ouest, les talibans ont interdit à certains partis de faire campagne car ces partis étaient « trop laïques ». Le Parti national Awami (ANP) et le MQM ont été particulièrement visés. Le 16 avril, au moins 17 personnes ont été tuées lors d’une attaque-suicide d’un taliban visant un rassemblement de l’ANP à Peshawar. Le même jour, l’Armée de libération baloutche a revendiqué un attentat à l’explosif ciblant un candidat de la Ligue musulmane du Pakistan Nawaz à Khuzdar, au Baloutchistan. L’attentat a fait quatre morts, dont le fils, le frère et le neveu du candidat. « Avec ces attaques délibérées, les talibans et d’autres groupes armés ont montré un mépris flagrant pour les droits humains, y compris les droits à la vie, à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique », a déclaré Mustafa Qadri. Les autorités doivent assurer une protection adéquate des personnes menacées et protéger les droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, ainsi que le droit à la vie. « Les candidats eux-mêmes ont aussi la responsabilité de ne pas inciter à la violence contre des rivaux ou contre des portions de la société telles que les minorités religieuses », a ajouté Mustafa Qadri. Dans sa lettre ouverte, Amnesty International exhorte tous les partis politiques et candidats aux élections à donner la priorité aux droits humains dans leurs engagements électoraux et politiques. Les Pakistanais iront aux urnes pour choisir un nouveau gouvernement le 11 mai. Cette élection sera une transition entre deux gouvernements élus. Ces cinq dernières années, le Pakistan s’est amélioré dans l’intégration des droits humains à la législation nationale. Des avancées ont été constatées concernant les droits des femmes et la ratification des principaux traités internationaux relatifs aux droits humains. Mais les atteintes aux droits humains commises par des acteurs étatiques et non étatiques ont continué et, à certains égards, se sont aggravées au cours de la même période. La plupart des responsables de ces agissements ne sont pas inquiétés. « Les partis politiques et les candidats aux élections doivent démontrer qu’ils veulent réellement corriger les échecs des gouvernements successifs en matière d’impunité touchant aux violations des droits humains », a déclaré Mustafa Qadri. « Tous les candidats doivent veiller à ce que les droits humains soient une composante essentielle de leur campagne électorale. »