Le Panama doit rendre des comptes pour la mort de manifestants à Colón

Les autorités panaméennes doivent mener des enquêtes approfondies sur la mort de trois habitants de Colón, ville portuaire du nord du pays, lors de récentes manifestations contre les projets du gouvernement de vendre des terrains appartenant à l’État, a déclaré Amnesty International jeudi 25 octobre. Dans la soirée du 23 octobre, une femme de 27 ans a perdu la vie, ce qui porte à trois le nombre de victimes des affrontements qui ont émaillé les manifestations organisées par des groupes de la société civile et des habitants contre une nouvelle loi qui permettrait de vendre des terrains de la zone de libre-échange de Colón à des entreprises étrangères. Sa mort fait suite à celle d’un habitant et d’un garçon de neuf ans, tués lors des manifestations en début de semaine. D’après les habitants, les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles pour disperser les manifestants. De son côté, la police nationale de Panama a déclaré aux médias que plusieurs policiers avaient été blessés par des tirs d’armes à feu et de missiles imputables à certains manifestants. « Une nouvelle fois, les affrontements qui éclatent lors d’un rassemblement public à Panama se terminent tragiquement pour les habitants, deux adultes et un enfant ayant perdu la vie dans les rues de Colón. Les autorités panaméennes doivent ouvrir une enquête indépendante et approfondie sur ces décès et traduire les responsables présumés en justice, a indiqué Sebastian Elgueta, chercheur sur le Panama au sein d’Amnesty International. « Les autorités sont tenues de maintenir l’ordre. Toutefois, la force excessive ne peut être utilisée qu’en conformité avec les normes internationales, c’est-à-dire en tout dernier recours. Nous exhortons le Panama à faire en sorte que tous les membres des forces de sécurité soient dûment formés, conformément aux Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois (ONU). » Réagissant à cet événement tragique, le président du Panama Ricardo Martinelli a annoncé sur Twitter dans la soirée du 23 octobre : « Si les habitants de Colón ne veulent pas de la vente de terrains dans la zone de libre-échange, cette vente sera annulée. » Amnesty International l’exhorte à déclarer fermement que le recours excessif à la force ne sera pas toléré. Recours excessif à la force Le décès de ces manifestants à Colón s’inscrit dans une série d’évènements à Panama, dans lesquels la police est accusée d’avoir recouru à une force excessive en vue de disperser les manifestations liées à des conflits sociaux. En février 2012, un homme aurait été abattu par la police, lors d’une manifestation organisée par les membres du peuple indigène ngäbe-buglé à San Felix, dans la province de Chiriquí, dans l’ouest du pays. En juillet 2010, dans la province de Bocas del Toro, dans le nord-ouest du Panama, une manifestation indigène dénonçant un projet de modification du droit du travail s’est soldée par la mort d’au moins trois manifestants et des centaines de blessés, les policiers ayant tiré des balles en caoutchouc à faible distance. Jusqu’à présent, les autorités panaméennes n’ont pas tenu leurs engagements, à savoir enquêter sur ces agissements et déférer les responsables présumés à la justice.