Viêt-Nam. Amnesty International demande la libération de blogueurs et l’arrêt des persécutions contre leur famille et leurs amis

Il faut remettre en liberté immédiatement et sans condition trois blogueurs qui risquent 20 ans de prison pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International trois jours avant leur procès, qui doit s’ouvrir le 24 septembre 2012 devant le tribunal populaire d’Ho Chi Minh-Ville. Ce procès intervient dans un contexte de répression persistante de la liberté d’expression et de rassemblement pacifique au Viêt-Nam. « Les autorités vietnamiennes doivent se conformer à leurs obligations constitutionnelles et internationales de respecter le droit du peuple vietnamien à la liberté d’expression, a déclaré Rupert Abott, chercheur sur le Viêt-Nam à Amnesty International. « Ces blogueurs sont des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé de manière pacifique leur droit à la liberté d’expression en publiant des écrits en ligne. Ils doivent être remis en liberté. » Les blogueurs sont Nguyen Van Hai, connu sous le nom de Dieu Cay (« la pipe du paysan ») ; l’ancienne policière Ta Phong Tan, dont le blog s’appelle « Justice et vérité » ; et Phan Thanh Hai, alias AnhBaSaiGon. Ils sont accusés de propagande contre l’État au titre de l’article 88 du Code pénal et risquent 20 ans d’emprisonnement. Tous les trois ont été maintenus en détention provisoire durant une longue période. Initialement prévu pour le 17 avril de cette année, leur procès a été reporté à trois reprises. Le dernier report est intervenu après la mort de la mère de Ta Phong Tan, Dang Thi Kim Lieng, qui s’est immolée par le feu devant un bâtiment administratif le 30 juillet 2012 pour protester contre le sort réservé à sa fille. Amnesty International a reçu de nombreuses informations faisant état d’actes de harcèlement et d’intimidation perpétrés par les autorités vietnamiennes contre les proches et les amis de celles et ceux qui critiquent le gouvernement et réclament plus de liberté. La semaine dernière, le 16 septembre, la police a arrêté six personnes, dont l’épouse de Nguyen Van Hai, Duong Thi Tan ; la sœur de Ta Phong Tan, Ta Khoi Phung ; le prêtre catholique Anthony Le Ngoc Thanh ; et la militante de la démocratie et des droits à la terre Lu Thi Thu Trang. Ces hommes et ces femmes s’étaient réunis chez la mère de Ta Phong Tan, Dang Thi Kim Lieng, dans la province de Bac Lieu (sud du pays), pour une cérémonie organisée à sa mémoire. Ils ont été arrêtés à l’issue de celle-ci, alors qu’ils attendaient un taxi. Les autorités auraient mis en scène un accident de moto qui a servi de prétexte à leur interpellation. Ils ont été frappés par les policiers, puis remis en liberté le jour-même. « Les autorités ont franchi un pas supplémentaire en arrêtant pour les frapper des personnes qui pleuraient la mort de la mère de la blogueuse Ta Phong Tan, a déclaré Rupert Abbott. « Les trois blogueurs doivent être remis en liberté, et le harcèlement honteux des membres de leur famille et de leurs amis doit cesser. Il faut en outre amener les responsables de ces agissements à rendre compte de leurs actes. »