Bélarus. L’opposition est la cible d’attaques, alors que les appels à boycotter les élections se multiplient

Le déferlement d’atteintes aux droits humains ciblant les partisans de l’opposition et les journalistes au Bélarus n’est qu’une manœuvre grossière visant à faire taire les voix dissidentes à l’approche des élections prévues dimanche 23 septembre, a déclaré Amnesty International alors que les appels à boycotter le scrutin se multiplient. L’organisation a constaté une forte augmentation du nombre de personnes arrêtées pour avoir participé à des rassemblements pacifiques – en violation flagrante de leurs droits à la liberté d’expression et de réunion. Le 5 septembre, Iahor Viniatski, militant de la campagne Dire la vérité (Говори правду), a été interpellé et plus tard condamné à sept jours de détention administrative par le tribunal du quartier de Pervomajski, à Minsk. Ce même jour, son appartement a été perquisitionné et des documents de campagne ont été saisis. Le 7 septembre, deux militants de Zmena, branche Jeunes de la campagne, ont été arrêtés puis condamnés – l’un à trois jours d’emprisonnement et le second à 10 jours. « Le gouvernement a recours à la détention administrative dans le but de réduire au silence les opposants et les voix dissidentes au Bélarus, a estimé David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « La possibilité d’exercer les droits à la liberté d’expression et de réunion est cruciale pour instaurer un climat qui permette aux citoyens de prendre part au processus électoral sans craindre les actes d’intimidation ni les représailles. » Le 18 septembre, des journalistes qui couvraient un rassemblement pour appeler au boycott des élections ont été retenus en garde à vue pendant quelques heures. Plusieurs d’entre eux ont affirmé qu’ils avaient été frappés lors de leur interpellation. Amnesty International appelle les autorités bélarussiennes à mener une enquête approfondie, impartiale et efficace sur les accusations de recours excessif à la force dont ces journalistes auraient été victimes et à traduire les responsables présumés en justice. Lors du même rassemblement, quatre militants de Zmena ont été placés en détention. Le lendemain, l’un d’entre eux a écopé d’une amende, tandis que les trois autres ont été condamnés à 12 jours de détention administrative pour avoir participé à une manifestation non autorisée. Certains candidats de l’opposition ont décidé de se retirer du scrutin, faisant valoir que le climat électoral au Bélarus n’avait pas connu d’évolution positive. Les représentants des partis de l’opposition n’ont pas été intégrés dans les comités électoraux chargés de superviser l’équité du processus électoral. Depuis l’élection présidentielle de 2010, Amnesty International a constaté une détérioration sans précédent de la situation des droits humains au Bélarus. Les autorités se livrent dans tout le pays à une campagne de harcèlement et d’intimidation vis-à-vis des défenseurs des droits humains et des militants de l’opposition et de la société civile. Chaque jour, des informations font état de militants détenus, arrêtés ou inculpés, d’avocats radiés du barreau pour avoir défendu des détenus, de journalistes harcelés, et de médias et d’organisations de défense des droits humains harcelés et entravés dans leur travail légitime. À ce jour, Amnesty International a recensé cinq prisonniers d’opinion au Bélarus.