Afghanistan. Il faut ajourner le vote sur la nomination du directeur du Renseignement, soupçonné de tortures

Le Parlement afghan doit ajourner le vote sur la nomination d’un nouveau directeur du service des renseignements en attendant d’avoir enquêté de manière exhaustive et transparente sur les informations selon lesquelles il aurait participé à plusieurs actes de torture et autres graves violations des droits humains, a déclaré Amnesty International. Le Parlement afghan doit se prononcer samedi 15 septembre sur la nomination d’Assadullah Khalid à la tête de la Direction nationale de la sécurité (DNS), les services du renseignement afghans, nomination proposée par le président Hamid Karzaï. Assadullah Khalid a été lié à plusieurs cas de tortures et d’homicides illégaux au cours des dix dernières années, pendant qu’il était gouverneur des provinces afghanes de Ghazni et de Kandahar. « Toutes les personnes pressenties pour des postes de responsabilité au sein du gouvernement afghan doivent faire l’objet d’investigations approfondies, surtout lorsque, comme Assadullah Khalid, elles sont soupçonnées d’avoir commis ou cautionné de graves violations des droits humains ou des crimes de droit international, a déclaré Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Un passé mouvementé Assadullah Khalid a été gouverneur de la province de Ghazni de 2001 à 2005 et de la province de Kandahar de 2005 à 2008. Pendant cette période, des informations ont fait état de sa participation directe et indirecte à des crimes de droit international, y compris des actes de torture et des homicides illégaux. En 2007, Amnesty International a signalé des cas de torture dans des lieux de détention relevant des services du renseignement, à Kandahar notamment. En tant que gouverneur de la province, Assadullah Khalid supervisait ces structures et commandait la Brigade 888, qui aurait arrêté et torturé des personnes soupçonnées d’avoir des liens avec les talibans ou d’autres groupes insurgés. De nombreuses informations faisaient alors état du fait que les personnes arrêtées par cette brigade étaient torturées dans les locaux du gouverneur. Dans plusieurs cas, les personnes qui auraient été victimes de tortures auraient été remises à la Direction nationale de la sécurité par des membres de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) active en Afghanistan. Selon des témoignages crédibles, Assadullah Khalid serait également impliqué dans l’attentat qui avait visé un véhicule des Nations unies à Kandahar en avril 2007, provoquant la mort de cinq employés de l’organisation. « Avant de voter pour approuver ou non la nomination d’Assadullah Khalid, les députés devraient l’interroger ouvertement au sujet de ces allégations de graves violations des droits humains commises par le passé. Ils devraient le questionner en particulier sur les violations commises alors qu’il commandait la Brigade 888 : arrestation, détention et torture de personnes soupçonnées de liens avec les talibans et d’autres groupes insurgés, notamment. » Autres nominations controversées Le Parlement afghan (Wolesi Jirga) doit également se prononcer prochainement sur la nomination d’autres hauts responsables gouvernementaux, le ministre de la Défense et le ministre de l’Intérieur par exemple. « Tous les membres du Wolesi Jirga devraient veiller à ce que le bilan en matière de droits humains de toutes les personnes pressenties pour occuper un poste de responsabilité au sein du gouvernement ait été dûment évalué par le groupe consultatif du président pour les nominations des hauts responsables, comme le prévoit la loi », a déclaré Polly Truscott. Le Parlement doit examiner ouvertement et en détail toutes les allégations crédibles reliant ces personnes à de graves atteintes aux droits fondamentaux avant de se prononcer sur les nominations proposées. Réforme de la Direction nationale de la sécurité (DNS) Le secret entourant le mandat, les pouvoirs et le mode de fonctionnement de la Direction nationale de la sécurité (DNS) a rendu difficiles pendant longtemps la surveillance du sort des détenus, le traitement des plaintes et l’attribution de réparations aux victimes de tortures et d’autres formes de mauvais traitements. Depuis plusieurs années, Amnesty International demande aux autorités afghanes de résoudre ces problèmes au sein de la DNS, dans le cadre d’une réforme plus vaste du secteur de la sécurité pour favoriser le rétablissement de l’état de droit dans le pays. « Le Parlement afghan doit faire campagne en faveur d’une réforme de la Direction nationale de la sécurité pour mettre fin à la torture endémique des détenus et aux autres violations des droits humains. Comme tout texte de loi, la législation et les règlements ayant vocation à réformer le Renseignement devraient donner lieu à un débat ouvert et transparent dans l’hémicycle du Parlement. »