Zimbabwe. Halte à l’intimidation policière des militants LGBTI

Les autorités zimbabwéennes doivent faire cesser immédiatement le harcèlement et l’intimidation par la police des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI), a déclaré ce vendredi 17 août Amnesty International. Depuis la veille, la police aurait placé en détention et interrogé au moins 10 membres de l’organisation non gouvernementale Gays et lesbiennes du Zimbabwe (GALZ), avant de les relâcher. Selon les militants de GALZ, cette opération policière a pour but de retrouver 44 de ses membres, des personnes qui avaient précédemment été arrêtées de manière arbitraire et illégalement détenues alors qu’elles participaient, le 11 août, à un rassemblement pacifique aux bureaux de l’ONG dans la capitale, Harare. « C’est une violation scandaleuse des droits de ces militants, qui sont victimes de harcèlement en raison de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée », a commenté Audrey Gaughran, directrice d’Amnesty International chargée de l’Afrique. « Les autorités doivent faire cesser les détentions arbitraires et les interrogatoires des membres de GALZ. L’action de la police contre ces personnes constitue une violation flagrante de leurs droits humains. Ils n’ont commis aucun crime au regard de la législation du Zimbabwe. » Au moment de leur arrestation, le 11 août, les militants de GALZ n’avaient commis aucune infraction : ils ne faisaient qu’exercer leurs droits à la liberté d’association et de réunion pacifique. Ces droits sont pleinement reconnus par la Constitution actuelle du Zimbabwe, par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que par d’autres traités internationaux relatifs aux droits humains qui engagent le Zimbabwe. Cette dernière opération policière aura probablement pour effet de contraindre les personnes LGBTI à se cacher, de peur d’être arrêtées ou dénoncées dans un contexte où la discrimination envers elles est fréquente. Une telle situation pourrait porter gravement atteinte à leurs droits fondamentaux : elle risquerait notamment de limiter sérieusement leur accès aux soins de santé et à d’autres services, et de les contraindre à vivre à l’écart de leur famille ou d’organismes d’aide sociale. Selon les informations reçues par Amnesty International, ces personnes ont été arrêtées alors qu’elles assistaient à la présentation d’un rapport établi par l’organisation suivie d’un exposé sur le deuxième projet de constitution du Zimbabwe. Quatre policiers ont tenté de s’introduire dans les bureaux ; ils ont ensuite été rejoints par une quinzaine de policiers antiémeute qui, après être entrés de force, s’en sont pris aux membres de GALZ à coups de matraque et à coups de poing. Trente et un hommes et 13 femmes ont passé la nuit en détention au poste de police central d’Harare, sans inculpation, avant d’être relâchés le matin suivant. Quelques-uns des militants détenus ont eu besoin de soins médicaux à la suite des coups infligés par la police. « En plus d’entraver de manière significative le travail des défenseurs des droits humains, ces actes de harcèlement et d’intimidation par la police contribuent à créer un climat de discrimination, de harcèlement et de peur chez les personnes susceptibles d’être la cible de violences en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre, réelle ou supposée », a déploré Audrey Gaughran.