Soudan. Les forces de sécurité doivent cesser d’utiliser des balles réelles contre les manifestants

Les forces de sécurité soudanaises doivent cesser de tirer à balles réelles sur les manifestants, a déclaré Amnesty International après avoir confirmé qu’au moins huit manifestants tués mardi 31 juillet présentaient des blessures par balle à la poitrine, dont certaines infligées par des tirs à bout portant. Au moins 10 personnes, des étudiants pour la plupart, ont été tuées mardi 31 juillet après que les services de sécurité et la police paramilitaire ont ouvert le feu à Nyala, dans le Darfour méridional, lors d’une manifestation contre le prix de l’essence et le coût de la vie. Plusieurs dizaines d’autres personnes ont été blessées. Le personnel de l’hôpital public de Nyala a indiqué à Amnesty International que les blessures constatées sur les huit corps admis à la morgue correspondaient à celles infligées par des balles de 5,56 mm et 7,62 mm de fusils automatiques. « Tous les membres des forces de sécurité ayant participé aux événements à l’origine de ce carnage doivent être suspendus immédiatement, a indiqué Paule Rigaud, directrice du programme Afrique d’Amnesty International. « Le gouvernement soudanais doit ouvrir une enquête pour savoir pourquoi les manifestants ont été directement pris pour cible par les forces de sécurité, qui ont tiré à balles réelles dans leur direction. » Les autorités soudanaises font systématiquement usage d’une force excessive pour réprimer les manifestations essentiellement pacifiques, tenues régulièrement dans les grandes villes du pays depuis la mi-juin. Selon les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, des balles réelles ne peuvent être tirées, en direction de manifestants ou à titre d’avertissement, que lorsque cela est strictement nécessaire et que si des moyens moins dangereux se sont révélés inefficaces. Les forces de sécurité ont également tiré en l’air au moyen de mitrailleuses lourdes Douchka, les projectiles blessant des personnes à leur domicile lorsqu’elles sont retombées. « Les forces de sécurité soudanaises ne doivent pas être autorisées à maintenir l’ordre dans les manifestations sans le moindre discernement et au mépris total de la vie humaine, a expliqué Paule Rigaud. « Les citoyens soudanais doivent pouvoir exprimer leur opinion pacifiquement, sans être systématiquement réprimés. Les attaques menées contre des manifestants non violents constituent une violation inacceptable de leur droit à la liberté d’expression, de réunion et d’association. » Par ailleurs, Amnesty International craint que des manifestants blessés n’aient été privés de soins médicaux. D’après des témoins oculaires, certains d’entre eux ont été arrêtés tandis que des agents en civil du Service national de la sûreté et du renseignement (NSS) ont été déployés dans l’hôpital général de Nyala. Ces dernières semaines, Amnesty International a recueilli des informations indiquant que des manifestants blessés se voyaient régulièrement privés de soins médicaux à Khartoum. Les forces de police ont recours à des matraques, du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc tirées à bout portant contre les manifestants. En outre, en réaction au mouvement de contestation, le NSS a procédé à l’arrestation de plusieurs centaines de militants politiques et de la société civile connus, qu’ils aient ou non pris part aux manifestations. Un grand nombre d’entre eux ont raconté à Amnesty International qu’ils avaient été torturés ; on les avait notamment frappés à coups de bâton, de tuyau d’arrosage et de poing, et contraints de rester debout toute la journée sous un soleil de plomb. Certaines personnes blessées lors de manifestations ou à la suite des actes de torture et d’autres mauvais traitements qu’elles avaient subis aux mains des forces de sécurité ont indiqué à Amnesty International qu’elles ont préféré ne pas se faire soigner à l’hôpital, car elles craignaient d’être arrêtées et de faire l’objet de manœuvres d’intimidation. Plusieurs dizaines de militants sont toujours maintenus en détention administrative. Note aux rédacteurs . Les forces de sécurité responsables des coups de feu à Nyala incluent des membres des Forces centrales de réserve de la police, groupe paramilitaire entraîné au combat, et des agents en civil du Service national de la sûreté et du renseignement (NSS). . Pour obtenir des informations supplémentaires et des exemples de privation de soins médicaux et détention arbitraire, ou pour organiser un entretien, veuillez contacter Katy Pownall par téléphone (+44 (0)207 413 5729/+44 7778 472 126) ou par courriel ([email protected]).