Journalistes tués en Somalie : il faut mettre fin à l’impunité des meurtriers

Les autorités somaliennes et la communauté internationale doivent agir pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient ceux qui s’en prennent à la presse en Somalie, a déclaré Amnesty International lundi 13 août, alors que deux journalistes avaient été tués la veille lors d’attaques distinctes dans la capitale, Mogadiscio. Yusuf Ali Osman, ancien journaliste chevronné et agent du ministère de l’Information, a été abattu dans la matinée du dimanche 12 août, dans le quartier de Dharkenley, par deux jeunes hommes vêtus, semble-t-il, d’un uniforme scolaire. Un autre journaliste, Mohamoud Ali Keyre (Buneyste), aurait été tué par des balles perdues lors d’un affrontement entre des soldats de l’armée gouvernementale dans le quartier de Yaqshid, toujours à Mogadiscio, dans l’après-midi du 12 août. Les deux décès de dimanche portent à 10 le nombre de membres de la presse tués en Somalie depuis décembre 2011. Personne n’a été traduit en justice pour les meurtres de journalistes commis dans ce pays cette année ou les années précédentes. « Le gouvernement fédéral de transition (GFT) doit de toute urgence mener des enquêtes minutieuses sur tous les homicides dont ont été victimes des membres des médias en Somalie, a déclaré Bénédicte Goderiaux, chercheuse sur la Somalie à Amnesty International. Il faut que les responsables présumés de ces agissements soient déférés à la justice et que les autorités prennent des mesures pour protéger la vie des journalistes. » « Le gouvernement somalien n’a nullement montré qu’il avait la volonté de réagir dans ce domaine. La communauté internationale doit donc instaurer une commission indépendante pour enquêter sur les crimes de droit international commis en Somalie, en particulier contre les journalistes. » Yusuf Ali Osman dirigeait Radio Mogadishu, une station de radio appartenant à l’État, avant de commencer à travailler pour le ministère de l’Information. Le groupe armé islamiste Al Shabab aurait revendiqué le meurtre de cet homme, qu’il considérait comme un ennemi travaillant pour le GFT. Mohamoud Ali Keyre a été tué quatre jours après la signature par des membres du gouvernement somalien du Programme national de sécurité et de stabilisation, dont un des objectifs est de remédier au manque de discipline et de responsabilisation au sein des forces de sécurité du GFT. Cet homme était auparavant employé à Radio Hamar (La voix de la démocratie) mais depuis quelques années il travaillait pour des sites internet somaliens basés à Nairobi, la capitale du Kenya. Plusieurs autres membres des médias somaliens ont été tués récemment. Il y a quelques jours, Abdi Jeylani Malaq « Marshale », célèbre humoriste somalien, a été abattu par deux hommes armés alors qu’il rentrait chez lui dans le quartier de Waberi, à Mogadiscio. On ignore le mobile du meurtre, mais cet homme avait produit et diffusé des programmes satiriques pour la radio somalienne Kulmiye et pour la chaîne télévisée Universal TV. Al Shabab lui avait adressé des menaces de mort. En mai dernier, le journaliste Farhan Jemiis Abdulle, qui travaillait à Radio Daljir, a été abattu par deux hommes armés à Galkayo, dans le centre du pays. Une Constitution provisoire pour la Somalie a été adoptée le 1er août par l’Assemblée constituante nationale à Mogadiscio. Il s’agit de l’une des dispositions convenues par le GFT et la communauté internationale pour mettre fin à la période de transition dans le pays. Amnesty International engage les autorités somaliennes actuelles et futures à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer les droits à la vie, à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, qui sont garantis par la Constitution provisoire.