Ouganda : la police ferme un atelier consacré aux droits des personnes homosexuelles

À la suite d’une descente de police dans un atelier sur les droits humains auquel participaient des défenseurs des droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres (LGBT) à Kampala, Amnesty International demande de nouveau au gouvernement de mettre fin au harcèlement visant les personnes engagées dans des activités légales. L’atelier, organisé par le Réseau des défenseurs des droits humains de l’Afrique orientale et de la Corne de l’Afrique (EHAHRDP) pour transmettre des compétences en matière de surveillance des droits humains à des militants des droits des LGBT du Kenya, du Rwanda, de Tanzanie et d’Ouganda, a été fermé après l’opération de la police lundi 18 juin. « Ces manœuvres de harcèlement, grotesques et gratuites, à l’encontre de défenseurs des droits humains n’ont aucun fondement juridique et doivent cesser, a déclaré Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. « Les persécutions dont sont constamment victimes les défenseurs des droits des LGBT par les autorités ougandaises commencent à ressembler de façon inquiétante à une chasse aux sorcières. » La descente a eu lieu à 14 h 30, heure locale. Une dizaine de policiers ont encerclé l’hôtel où se tenait l’atelier, et bloqué les sorties. Un pick-up, avec à son bord des policiers en tenue antiémeutes, a stationné devant l’hôtel pour empêcher quiconque d’entrer ou de sortir. De nombreuses personnes assistant à l’atelier, venues du Kenya, du Rwanda et de Tanzanie, se sont réfugiées dans leur chambre, mais la police a consulté le registre de l’hôtel et s’est rendue dans toutes les chambres où logeaient des participants pour les faire sortir. Vers 17 heures, trois membres du personnel de l’EHAHRDP qui avaient organisé l’atelier et trois participants ont été conduits dans un car de police stationné à l’extérieur. À la suite d’une réunion entre de hauts fonctionnaires de la police qui ont reconnu qu’ils avaient peut-être fait preuve d’« un excès de zèle » et l’EHAHRDP, il a été demandé à l’organisation de présenter le lendemain ses documents officiels d’enregistrement au siège de la police. « On voit s’établir une pratique inquiétante de la part des autorités ougandaises, qui se livrent à des activités arbitraires visant délibérément à intimider et menacer l’action légitime de défense des droits humains, a déclaré Michelle Kagari. « Les participants à cet atelier n’avaient rien fait de mal, et nous demandons à la police de mettre fin à ce comportement scandaleux qui ridiculise les obligations de l’Ouganda relatives aux droits humains. » Les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres sont en butte à la discrimination et à la violence en Ouganda. Une proposition de loi relative à la lutte contre l’homosexualité, qui est toujours en cours d’examen par le Parlement, risque d’aggraver cette discrimination, notamment en érigeant la « promotion » de l’homosexualité en infraction et en punissant d’une peine de trois ans d’emprisonnement les Ougandais qui ne signaleraient pas aux autorités les LGBT dont ils auraient connaissance. Le harcèlement dont ne cessent d’être victimes les militants des droits humains est une violation flagrante de traités internationaux relatifs à ces droits dont l’Ouganda est partie. Le 14 février, le secrétaire d’État ougandais chargé de l’Éthique et de l’Intégrité, Simon Lokodo, avait effectué une descente dans un autre atelier consacré aux droits des LGBT et tenté d’ordonner l’arrestation de Kasha Jacqueline Nabagasera, militante bien connue des droits des LGBT et lauréate 2011 du prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l’Homme. Elle a été contrainte de fuir l’hôtel.