Le Pakistan est exhorté à enquêter sur le complot d’assassinat visant une avocate de renom spécialisée dans les droits humains

Les autorités pakistanaises doivent accorder le plus haut degré de priorité à la protection d’une éminente avocate spécialisée dans la défense des droits humains dont la vie est gravement menacée, a déclaré Amnesty International après qu’on a appris que les forces de sécurité du pays auraient comploté de la tuer. La Commission des droits humains du Pakistan (HRCP), organisation indépendante, a averti Amnesty International du complot qui se tramait contre sa fondatrice, l’avocate internationalement reconnue Asma Jahangir. « Même si, malheureusement, Asma Jahangir a déjà été la cible de menaces de mort dans le passé en raison de ses activités de défense des droits humains, il semble que ce soit la première fois que les forces de sécurité du pays aient eu l’intention de mettre leurs projets à exécution et de la tuer, a expliqué Pollyanna Truscott, responsable de la région Asie du Sud à Amnesty International. « Tout dessein d’attenter à la vie d’un militant des droits humains est une attaque non seulement contre la personne visée mais aussi contre l’ensemble de la communauté de défense des droits humains au Pakistan. « Les autorités pakistanaises doivent ouvrir sans délai une enquête exhaustive et impartiale sur ce complot présumé d’assassinat, et ne négliger aucune piste. Tous les organes de sécurité, y compris les Services du renseignement de l’armée pakistanaise, doivent faire l’objet d’investigations. » Le nombre d’homicides de défenseurs des droits humains au Pakistan a augmenté l’année dernière, les Services du renseignement de l’armée pakistanaise étant impliqués dans de nombreuses affaires, notamment dans l’enlèvement et le meurtre du journaliste Saleem Shahzad en 2011. Depuis qu’elle a appris qu’elle était visée par un complot, Asma Jahangir n’a pas quitté son domicile. Asma Jahangir a fondé la HRCP. C’est aussi une avocate près la Cour suprême et la présidente du barreau de la Cour suprême du Pakistan. Elle a également occupé les fonctions de rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires de 1998 à 2004, et de rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction de 2004 à 2010. Lors d’une mission dans le pays au début de la semaine du 4 juin, la commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Navi Pillay, a rendu visite à Asma Jahangir et s’est dite inquiète au sujet de ce complot d’assassinat. Le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a assuré que son gouvernement avait fourni une sécurité renforcée à Asma Jahangir. « Les autorités pakistanaises sont certes tenues de protéger les militants des droits humains comme Asma Jahangir, mais elles doivent aller plus loin encore et traduire en justice tous les auteurs présumés de menaces et d’attaques », a dit Pollyanna Truscott. Amnesty International demande que toutes les personnes soupçonnées de s’en prendre aux défenseurs des droits humains soient déférées à la justice et jugées dans le respect des normes internationales d’équité des procès et sans encourir la peine de mort.