Égypte. Face à la reprise des violences, l’armée doit faire cesser les attaques visant les manifestants

Des affrontements meurtriers ayant opposé agresseurs anonymes et manifestants au Caire ont incité Amnesty International à appeler de nouveau l’armée égyptienne à protéger les manifestants, devant le regain de violence observé en amont de l’élection présidentielle. Mercredi 2 mai dans la matinée, des groupes de personnes armées ont affronté des manifestants qui participaient à un sit-in près du ministère de la Défense depuis la soirée du 27 avril. L’armée et les forces de sécurité égyptiennes ont dans un premier temps peu fait pour mettre fin aux affrontements, qui ont eu lieu dans le quartier d’Abbaseya. Les heurts n’ont cessé que vers 13 heures, après que des soldats, notamment des véhicules militaires blindés, et des policiers antiémeutes lourdement armés soient arrivés sur place. « L’armée est intervenue plusieurs heures trop tard », a indiqué Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International. « Il semble que personne au sein du Conseil suprême des forces armées qui est au pouvoir en Égypte ne soit mû par la volonté de prévenir ces événements tragiques. Après l’attaque de ce weekend, les autorités auraient dû se préparer à faire face à ces violences. » Ces événements ont fait suite à des attaques lancées contre des manifestants près du ministère de la Défense au cours du weekend, qui ont fait un mort et plus de cent blessés. Les manifestants menaient une action en faveur d’un politicien à qui il a été interdit de se présenter à l’élection présidentielle, et réclamaient par ailleurs la fin du régime militaire. Un manifestant a déclaré à Amnesty International qu’il avait vu des hommes faire feu sur des manifestants avec des pistolets et des fusils, et lancer des cocktails Molotov et des pierres. Les manifestants auraient répliqué, jetant eux aussi des cocktails Molotov et des pierres. Des dizaines de personnes ont été blessées. Les autorités égyptiennes ont affirmé que sept personnes avaient été tuées ; des sources non officielles soutiennent que ce chiffre oscille entre 11 et 20. Un médecin a dit à Amnesty International qu’il avait vu six cadavres. Des sources médicales ont signalé à l’organisation que certaines des personnes tuées et blessées avaient été touchées par des balles de pistolet et des plombs de chasse. Un homme aurait eu la gorge tranchée. On s’attend à ce que de nouvelles manifestations aient lieu au Caire mercredi 2 mai dans la soirée afin de soutenir les manifestants et de protester contre le régime militaire. Amnesty International a par ailleurs appris que lors des affrontements, des groupes d’hommes armés ont empêché des manifestants de se faire soigner à l’hôpital de l’université Ain Shams (hôpital Demerdash). Un manifestant a expliqué à l’organisation que ce n’est qu’après que l’armée se fut retirée que les ambulances ont pu accéder sans restriction à cette zone. On ne sait toujours pas clairement qui sont les auteurs des attaques contre ces manifestants. Les manifestants ont régulièrement été agressés par des groupes anonymes, que ce soit sous le président Moubarak ou le Conseil suprême des forces armées. Des groupes de ce type accompagnent souvent l’armée et les forces de sécurité lorsque celles-ci dispersent les manifestations. L’élection présidentielle doit avoir lieu les 23 et 24 mai.