Angola. Les autorités doivent protéger la libre expression, alors que de jeunes militants ont été agressés

Un groupe de jeunes militants hostiles au gouvernement, dont le rappeur Hexplosivo Mental, ont été attaqués et frappés, et certains hospitalisés, alors qu’ils s’étaient réunis dans la capitale angolaise Luanda. Aussi Amnesty International demande-t-elle l’ouverture d’une enquête approfondie et impartiale sur ces faits. Hexplosivo Mental, connu pour ses paroles critiques envers le gouvernement, ainsi que des militants et défenseurs des droits humains angolais, sont depuis quelques mois la cible de nombreux actes d’intimidation et agressions. « Ce passage à tabac sauvage illustre tout à fait la violente menace qui pèse sur toute personne en Angola s’exprimant en faveur de la liberté de parole, a indiqué Muluka-Anne Miti, responsable des recherches sur l’Angola au sein d’Amnesty International. « Les autorités angolaises doivent protéger les droits de ce groupe et de tous à la liberté d’association et de réunion. Elles doivent prendre sans délai des mesures visant à protéger ces libertés, en veillant à ce qu’une enquête indépendante soit menée et à ce que les responsables présumés comparaissent devant les tribunaux. » L’agression a eu lieu dans la soirée du 22 mai, au domicile du célèbre rappeur Carbono Casimiro. Déjà, en 2011, des hommes armés non identifiés avaient selon certaines informations attaqué sa maison. Les militants, créateurs du site Central 7311 qui rend notamment compte de la violence exercée en marge des manifestations pacifiques dans le pays, avaient déjà été la cible d’agressions alors qu’ils tentaient d’organiser une manifestation à Luanda au mois de mars. Depuis mars 2011, plusieurs manifestations organisées dans la capitale pour réclamer la fin du régime du président José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 32 ans, ont été réprimées avec une force excessive par les policiers, qui auraient notamment utilisé de manière injustifiée des chiens et des armes à feu contre les manifestants pacifiques. Des personnes non identifiées auraient infiltré les participants, saccagé des commerces et des habitations et frappé des manifestants, y compris des journalistes couvrant les événements. Les policiers n’ont pas réagi à la violence perpétrée par ces agents infiltrés et, plutôt que de procéder à leur arrestation, ont placé en détention arbitraire des manifestants et des journalistes. Par ailleurs, les jeunes qui ont participé à l’organisation de manifestations pacifiques contre le président depuis 2011, ainsi que certains journalistes ayant couvert ces manifestations, ont reçu des menaces anonymes qui leur ont été adressées personnellement, leur enjoignant de cesser de manifester ou d’en subir les conséquences. Au mois de mars 2012, un groupe anonyme se vantant de défendre la paix nationale, la sécurité et la démocratie, s’est mis à distribuer des tracts à Luanda, affirmant qu’il ne laisserait pas les manifestants semer la confusion et le trouble. Les médias officiels ont relayé les menaces proférées par une personne se réclamant de ce groupe. Les responsables de la police affirment que des investigations sont en cours, mais elles semblent être au point mort. « Nous craignons que les actes de violence et d’intimidation ne s’intensifient dans les semaines et les mois à venir, alors que les élections auront lieu à la fin du mois d’août, a expliqué Muluka-Anne Miti. « La Constitution angolaise garantit le droit d’organiser des manifestations pacifiques. Il est temps que les autorités affichent leur détermination à protéger ce droit fondamental. »