Mexique. Les autorités doivent mener une enquête approfondie sur l’homicide d’un homme ayant dénoncé des abus policiers

L’homicide d’un homme ayant pris position contre un enlèvement et des actes de torture et d’extorsion perpétrés par des policiers à Ciudad Juárez (Mexique), ville frontalière des États-Unis, doit donner lieu à une véritable enquête impartiale, a déclaré Amnesty International. Au cours du weekend, il a été révélé qu’Eligio Ibarra Amador, 62 ans, avait été retrouvé mort jeudi 12 avril après que des assaillants inconnus eurent pénétré chez lui, dans cette ville, et l’eurent poignardé avant de mettre feu à son corps. En septembre 2011, cet homme d’affaires a accusé des membres de la police fédérale de d’être rendus coupables d’actes de torture et d’extorsion après qu’ils l’aient semble-t-il enlevé à son domicile – 10 policiers ont été arrêtés pour ces faits. « La mort d’Eligio Ibarra Amador est particulièrement regrettable, compte tenu du courage dont il a fait preuve lorsqu’il a alerté les autorités au sujet du rôle joué par des policiers fédéraux dans les actes de torture et d’extorsion dont il a été victime », a rappelé Rupert Knox, spécialiste du Mexique à Amnesty International. « Les autorités mexicaines doivent effectuer une enquête impartiale et exhaustive dans les meilleurs délais afin de mettre au jour les circonstances de son homicide et d’écarter le scénario d’un meurtre motivé par la vengeance. » L’homicide d’Eligio Ibarra Amador aurait eu lieu juste avant qu’il ne doive assister à une audience en rapport avec son cas. Quand cet homme d’affaires a porté plainte auprès du bureau du procureur général en septembre dernier, il a accusé des policiers fédéraux de l’avoir enlevé à son domicile et de l’avoir torturé avant de le menacer de l’impliquer dans un trafic de drogue s’il ne leur versait pas l’équivalent de 3 800 euros. Bien que certains des membres de la famille du défunt aient déménagé aux États-Unis, Amnesty International exhorte les autorités mexicaines à offrir une protection complète à ses parents se trouvant toujours au Mexique et aux autres personnes se trouvant potentiellement en danger du fait de ce cas. « Dans une affaire délicate comme celle-ci, il est extraordinaire que les autorités n’aient pas fourni une vraie protection fiable à Emilio Ibarra Amador et sa famille – il faut y remédier immédiatement afin de garantir la sécurité de toute autre personne vulnérable en raison de ce cas », a poursuivi Rupert Knox. « Cela ne devrait surprendre personne que les citoyens mexicains hésitent à faire le premier pas et à dénoncer les violations des droits humains commises par des représentants de l’État lorsqu’il n’existe pas de mesures de protection, ou si peu. » Amnesty International demande aux autorités mexicaines de ne pas abandonner les poursuites pour enlèvement et extorsion engagées contre ces policiers fédéraux et de traduire les responsables en justice.