Chine. Une militante du droit au logement invalide a été condamnée à une peine de prison «inacceptable»

Une éminente militante chinoise en faveur du droit au logement, condamnée à la prison mardi 10 avril sur la base d’accusations fallacieuses, doit être libérée immédiatement, a déclaré Amnesty International. Ni Yulan, qui est handicapée, a été condamnée à une peine de deux ans et huit mois de prison pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » et pour « fraude ». Son époux, Dong Jiqin, est détenu depuis deux ans pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Ni Yulan, avocate qui fait campagne contre les expulsions forcées et d’autres violations du droit au logement en Chine, a été placée en détention il y a un an. Elle se déplace en fauteuil roulant depuis 10 ans, depuis qu’elle a été passée à tabac par des policiers en garde à vue en 2002. « Ces condamnations sont totalement inacceptables et ont été prononcées uniquement parce que Ni Yulan se bat depuis 10 ans, en prenant de grands risques, pour protéger les droits humains en Chine, a indiqué Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Les autorités doivent les libérer, elle et son époux Dong Jiqin, immédiatement et sans condition. » La police a arrêté Ni Yulan et Dong Jiqin le 7 avril 2011. Avant leur procès, ils n’ont été autorisés à rencontrer leurs avocats que deux ou trois fois. Le couple a été jugé le 29 décembre par le tribunal populaire du district de Xicheng, à Pékin. Leur procès ne s’est pas déroulé dans le respect des normes internationales d’équité. Bien qu’ils aient été jugés dans le cadre d’un procès « public », le tribunal n’a pas autorisé les observateurs, notamment les avocats Bao Longjun et Wang Yu, à entrer dans la salle d’audience. Des policiers ont emmené Bao Longjun. Ils ont également empêché d’autres personnes, notamment le jeune frère de Dong Jiqin, ne serait-ce que de s’approcher du tribunal. L’avocat de Ni Yulan, Cheng Hai, a proposé 11 témoins prêts à témoigner lors du procès, mais le tribunal n’en a retenu qu’un seul, la fille de Ni Yulan, Dong Xuan. « Les charges retenues contre Ni Yulan et Dong Jiqin étaient totalement infondées et leur procès s’est avéré inéquitable. La persécution persistante dont est victime ce couple, parce qu’il s’efforce d’aider d’autres personnes à faire valoir leurs droits légitimes, fait planer le doute sur la détermination de la Chine à devenir un pays régi par le droit, comme le laissent entendre ses dirigeants, plutôt qu’un pays dominé par la peur et l’intimidation », a estimé Catherine Baber. Ni Yulan, 52 ans, souffre de problèmes de santé chroniques, en partie en raison des actes de torture qui lui ont été infligés par les autorités précédemment. Son état de santé s’est détérioré durant son année de détention. Au cours de son procès, elle était la plupart du temps allongée dans un lit d’hôpital et avait besoin d’un respirateur pour respirer. Au cours des 10 dernières années, les autorités ont à maintes reprises soumis Ni Yulan à des actes de harcèlement, de détention et de torture. En 2002, elles ont annulé sa licence professionnelle d’avocate, en représailles de son action en faveur des droits humains. C’est la troisième fois que Ni Yulan est placée en détention. Lorsqu’elle était incarcérée en 2002, elle a eu les pieds et les rotules brisés. Ses blessures étaient si graves qu’aujourd’hui encore, Ni Yulan est en fauteuil roulant.