Bangladesh. Les autorités doivent rendre des comptes sur la mort de personnes dans le contexte d’une vague de disparitions forcées

Les morts au cours de manifestations faisant suite à la disparition d’une importante figure de l’opposition il y a sept jours au Bangladesh doivent faire l’objet d’une enquête approfondie par les autorités, a déclaré Amnesty International. Ilias Ali, secrétaire de la division de Sylhet du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), qui fait partie de l’opposition, a disparu avec son chauffeur Ansar Ali le 17 avril. Il s’agit de la dernière d’une série de disparitions dans lesquelles les forces de sécurité, notamment le Bataillon d’action rapide (RAB), sont impliquées, même si elles nient détenir les personnes disparues. Lors d’affrontements faisant suite à ces disparitions entre les manifestants du BNP et la police, deux hommes ont été tués le 23 avril. Monawar Hossain a été retrouvé mort dans le quartier de Biswanath, à Sylhet, avec des blessures par balle et un second homme est mort dans un hôpital de Sylhet des suites de blessures par balle également. Selon des témoins, les policiers ont ouvert le feu sur les manifestants après avoir été attaqués avec des pierres. « Les autorités du Bangladesh doivent diligenter une enquête indépendante pour déterminer comment ces hommes sont morts et qui a tiré sur eux, et traduire en justice les responsables présumés de ces homicides », a souligné Abbas Faiz, spécialiste du Bangladesh au sein d’Amnesty International. La Première ministre bangladaise, Sheikh Hasina, a appelé la police à enquêter sur la disparition d’Ilias Ali et de son chauffeur. Paradoxalement, elle a également déclaré que ces deux hommes avaient choisi d’entrer dans la clandestinité pour « créer un débat ». « Pourquoi la Première ministre a-t-elle ordonné une enquête, avant d’affirmer savoir ce qui s’est passé ? Toute enquête ne sera crédible que si elle est indépendante de la police et libre de tout engagement politique – sinon, elle risque de simplement suivre la version de la police, a indiqué Abbas Faiz. « Il semble que les disparitions forcées sont une pratique bien établie – une stratégie concertée visant à éliminer les personnes jugées indésirables. » Un syndicaliste a été tué et plus de 20 personnes ont « disparu » cette année. Le 4 avril, Aminul Islam, un dirigeant syndical, a disparu. Il a été retrouvé mort le lendemain à Ghatail, au nord de Dacca. Ses proches ont observé des traces de torture sur son corps et soupçonnent qu’il ait été enlevé par les forces de sécurité. Il avait déjà été arrêté et battu par des membres du service national de renseignement en raison de ses activités syndicales. « Aminul Islam était un dirigeant connu pour son franc-parler et sa capacité à mobiliser les travailleurs pour obtenir de meilleures conditions, ce qui en a fait une cible », a noté Abbas Faiz. Deux autres membres du BNP, Iftekhar Ahmed Dinar et Junaid Ahmed, ont disparu le 2 avril. Selon la famille d’Iftekhar Ahmed, ils ont été arrêtés à leur domicile par des agents en civil. On ignore toujours où ils se trouvent. Al Mukaddas et Mohammad Waliullah, membres du Camp des étudiants islamiques du Bangladesh, une organisation étudiante, ont disparu le 4 février. On est sans nouvelles d’eux depuis. Amnesty International a parlé à des proches de nombreuses victimes, qui disent que les enlèvements sont généralement perpétrés par des membres des forces de sécurité en civil, facilement identifiables car ils portent des vêtements similaires, notamment de grosses chaussures montantes inhabituelles pour le climat chaud du Bangladesh, et ont les cheveux courts. Amnesty International rassemble des informations sur les enlèvements et les homicides commis par les forces de sécurité du Bangladesh, notamment par le Bataillon d’action rapide (RAB), depuis de nombreuses années. « Ces disparitions ne peuvent pas être simplement balayées du revers de la main – il incombe au gouvernement d’amener les responsables présumés à rendre des comptes et de garantir la justice pour les victimes », a ajouté Abbas Faiz. Complément d’information Le RAB est une unité spéciale de la police, créée pour lutter contre les bandes criminelles à travers le pays. Depuis ses débuts en 2004, il a été impliqué dans l’homicide illégal d’au moins 700 personnes, dont au moins 200 pendant le mandat du gouvernement actuel de la Ligue Awami, malgré l’engagement de la Première ministre à mettre fin aux exécutions extrajudiciaires. Pour en savoir plus, veuillez consulter le rapport d’Amnesty International publié en 2011 intitulé Crimes Unseen: Extrajudicial Executions in Bangladesh. Fin/ Note aux rédacteurs :Si vous souhaitez obtenir plus d’informations ou organiser un entretien, veuillez contacter Katya Nasim, attachée de presse d’Amnesty International : [email protected] / + 44 7904 398 103 / + 44 207 413 5871.