L’incendie de Mathare illustre l’échec du gouvernement kenyan sur le plan de la concrétisation du droit au logement

L’incendie s’étant propagé dans le bidonville de Mathare jeudi 22 mars dans la soirée, qui aurait détruit quelque 300 logements, rappelle de manière brutale aux ministres africains du logement la nécessité de donner une priorité élevée à l’accès aux services pour les résidents de bidonvilles et de quartiers informels. « En quelques heures à peine, au moins 300 personnes ont perdu leur logement et leurs biens. Elles se sont retrouvées sans rien et beaucoup ne savaient pas où elles passeraient la nuit », a expliqué Justus Nyang’aya, directeur du bureau kenyan d’Amnesty International. « Alors que les ministres africains sont réunis à Nairobi afin d’évoquer l’amélioration de l’accès aux services pour tous, cela doit leur rappeler avec force qu’ils ne peuvent continuer à exclure les bidonvilles de leurs projets et de leurs budgets. » Le risque d’incendie dans les bidonvilles et quartiers informels de Nairobi est élevé, du fait de constructions et de matériaux de qualité inférieure, du surpeuplement et de connections électriques hasardeuses. L’absence de vraies routes, qui complique la tâche des pompiers essayant d’atteindre les quartiers informels, et le manque d’accès à un approvisionnement en eau favorisent eux aussi la propagation rapide du feu entre les maisons et d’autres structures. « Ce dernier exemple en date illustre avec gravité pourquoi les gouvernements et autorités locales d’Afrique doivent se soucier des conditions de logement inadéquates qui prévalent dans les quartiers informels, et faire en sorte que tout un chacun puisse jouir du droit de vivre quelque part en toute sécurité et dans la dignité », a souligné Justus Nyang’aya. Des centaines de personnes touchées ont tenté de défiler jusqu’au bureau du vice-ministre du logement en signe de protestation, mais ont été dispersées par la police. Certains participants ont été arrêtés.