Amnesty International exhorte les États-Unis à fournir des explications sur des homicides attribués à des drones au Pakistan

Les États-Unis doivent donner des précisions concernant les éléments juridiques et factuels justifiant le recours meurtrier à des drones au Pakistan, a déclaré Amnesty International mardi 31 janvier après que Barack Obama, le président américain, eut confirmé que ces aéronefs sans pilote sont utilisés contre des activistes présumés dans les zones tribales de ce pays. Le président Obama a, chose rare, reconnu ces faits publiquement lors d’un chat vidéo en ligne avec des utilisateurs du réseau social Google+, discussion ayant duré une heure lundi 30 janvier. Amnesty International a par ailleurs demandé aux États-Unis de s’intéresser de près aux victimes d’attaques de drones au Pakistan. « Les autorités américaines doivent fournir des explications détaillées sur la légalité de ces frappes et sur le suivi relatif aux victimes civiles, et veiller à ce que des comptes soient rendus », a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Quelles sont les règles d’engagement ? Existe-t-il des justifications satisfaisantes sur le plan juridique pour ces attaques ? Si la confirmation, par le président, du recours à des drones au Pakistan est un premier pas encourageant sur la voie de la transparence, il convient aussi de répondre à ces questions, parmi d’autres. » Le président Obama a déclaré que ces attaques de drones, menées par l’Agence centrale du renseignement (CIA) et non pas par l’armée, relevaient d’un « effort ciblé visant des personnes figurant sur une liste de terroristes actifs ». Il a affirmé que les frappes visaient « des personnes soupçonnées d’appartenir à Al Qaïda se trouvant dans des zones très difficiles d’accès, le long de la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan ». Le nombre total d’attaques de drones américains a doublé au Pakistan depuis l’arrivée au pouvoir du président Obama. Des milliers de personnes ont été tuées par ces frappes – civils et activistes confondus. Compte tenu de la situation sur le plan de la sécurité et des difficultés qu’il y a à se rendre sur le terrain, il s’est avéré impossible pour des organisations telles qu’Amnesty International de confirmer le nombre de victimes civiles. Les éléments disponibles montrent que le nombre de frappes a diminué en 2011. Dans son rapport intitulé As if Hell Fell on Me: The Human Rights Crisis in Northwest Pakistan, datant de juin 2010, Amnesty International a déclaré que l’utilisation de drones contre les insurgés dans le nord-ouest du Pakistan avait engendré un profond sentiment de rancœur dans le pays. Dans les semaines à venir, Eric Holder, le ministre américain de la Justice, évoquera, semble-t-il, dans un discours sur la sécurité nationale, les arguments juridiques sur lesquels s’appuient les États-Unis pour justifier les décès causés par des attaques de drones. Par le passé, les dirigeants américains ont invoqué des théories juridiques s’articulant autour du concept d’une « guerre mondiale » entre les États-Unis et Al Qaïda, qui n’est pas reconnu par le droit international humanitaire ou relatif aux droits humains. « Le gouvernement américain doit saisir l’occasion offerte par le discours du ministre de la Justice pour rendre publics les éléments juridiques et factuels nécessaires à une évaluation sérieuse de la légalité des homicides qu’il commet délibérément – se contenter de trouver une autre manière de dire ” faites-nous confiance, c’est légal ” ne suffira pas », a prévenu Sam Zarifi.