Arabie Saoudite. Amnesty International exhorte le roi à commuer des peines d’«amputation croisée»

Le roi doit commuer les peines prononcées contre six hommes, condamnés à l’amputation de la main droite et du pied gauche pour « banditisme de grand chemin », a déclaré Amnesty International vendredi 16 décembre. Leur sentence a été soumise à la Cour suprême pour approbation et pourrait être exécutée dans les jours à venir si elle était également ratifiée par le roi. « L’” amputation croisée ” est une forme de châtiment particulièrement cruelle assimilable à un acte de torture et ne devrait pas avoir sa place dans un système pénal », a indiqué Philip Luther, directeur par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Nous exhortons le roi à user de son autorité afin de commuer ces peines de toute urgence et d’épargner cet abominable châtiment à ces hommes. » Accusés de « banditisme de grand chemin », ces six hommes, tous membres de tribus bédouines, ont été arrêtés en octobre 2010 à Riyadh puis conduits à la prison de Malaz. Tous auraient été frappés et forcés à « avouer » les actes qui leur sont reprochés. Amer bin Eid al Jarba, âgé de 26 ans, aurait été battu pendant huit jours ; on lui aurait par ailleurs dit que s’il n’« avouait » pas, ses trois frères seraient arrêtés. Il semble qu’il ait signé une déclaration sans en connaître la teneur, et qu’il ait ensuite été placé à l’isolement pendant 33 jours. Les six hommes ont été jugés par le tribunal général de Riyadh sans bénéficier d’une aide juridictionnelle ni d’une assistance juridique, puis ont été condamnés en mars 2011 à l’« amputation croisée ». Une cour d’appel aurait confirmé la condamnation en octobre. En Arabie saoudite, la majorité des peines d’amputation sont prononcées contre des individus reconnus coupables de « vol » ou de « banditisme de grand chemin », infractions sanctionnées respectivement par l’amputation de la main droite et par l’amputation croisée (main droite et pied gauche). L’organisation a déclaré que le recours à l’« amputation croisée » est assimilable à un acte de torture et porte atteinte aux obligations de l’Arabie saoudite en vertu du droit international relatif aux droits humains. « Exécuter une peine de ce type vide de tout son sens le fait que l’Arabie saoudite soit signataire de la Convention internationale contre la torture », a poursuivi Philip Luther. « Les autorités saoudiennes doivent immédiatement prendre des mesures afin d’abolir cette pratique une fois pour toutes. » Les six hommes risquant l’« amputation croisée » sont Barzan bin Raheel al Shammari, 29 ans, Amer bin Eid al Jarba, 26 ans, Muhammad bin Ali al Shammari, 25 ans, Muhammad bin Dhiyab Maddhi, 27 ans, Abdullah bin Dhiyab Maddhi, 30 ans, et Bandar bin Abbas al Asadi, 22 ans.