Viêt-Nam. Des pratiquants du Fa Lun Gong sont arrêtés alors qu’ils manifestaient en méditant

Au moins 30 manifestants pacifiques, pratiquants du Fa Lun Gong, ont été frappés et arrêtés le 8 novembre devant l’ambassade chinoise à Hanoï. C’est une violation inacceptable de leur liberté d’expression, a déclaré Amnesty International mercredi 9 novembre. Ces manifestants protestaient contre le procès de deux journalistes vietnamiens et les mauvais traitements qui leur ont été infligés. Membres du Fa Lun Gong, Vu Duc Trung et Le Van Than ont travaillé pour la station de radio du mouvement The Sound of Hope. Leur procès doit s’ouvrir jeudi 10 novembre. « La répression qu’exercent les autorités vietnamiennes contre ces pratiquants du Fa Lun Gong constitue une violation de leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, a indiqué Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Nous devons véritablement nous interroger sur les raisons qui poussent les autorités vietnamiennes à cibler de cette manière le Fa Lun Gong. » Selon des sources internes à ce mouvement, la police a commencé par déverser de l’eau sale sur les manifestants pour les pousser à partir. Les manifestants ne bougeant pas, les policiers les auraient frappés et roués de coups de pied tout en les poussant dans des véhicules de police pour les conduire en détention. Des témoins membres du Fa Lun Gong affirment que les policiers ont tout particulièrement agressé les manifestants qui avaient des appareils photos. Les manifestants arrêtés auraient dans un premier temps été détenus dans un stade, avant d’être répartis dans plusieurs centres de détention de la police à Hanoï. On ignore s’ils ont été inculpés. « Il est totalement excessif de frapper et d’emmener de force des manifestants qui méditent pacifiquement sur un trottoir, a déclaré Donna Guest. La police vietnamienne doit libérer les détenus ou les inculper d’infractions prévues par la loi. » Détenus depuis 17 mois, Vu Duc Trung et Le Van Than sont accusés de diffusion illégale de programmes radios vers la Chine. Des porte-parole du Fa Lun Gong affirment que les autorités chinoises font pression sur le Viêt-Nam pour qu’il réprime le mouvement. « Les poursuites engagées contre ces deux citoyens vietnamiens s’inscrivent dans le cadre d’une répression plus vaste contre les médias au Viêt-Nam », a révélé Donna Guest. Le Fa Lun Gong est un mouvement interdit en Chine, où ses adeptes sont victimes d’arrestations arbitraires, internés dans des hôpitaux psychiatriques et dans des centres de « rééducation par le travail » et condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement. Des dizaines d’opposants politiques et de militants pacifiques ont été condamnés à de lourdes peines de prison depuis que le Viêt-Nam a commencé, en octobre 2009, à réprimer l’exercice de la liberté d’expression. Les détracteurs d’un projet d’extraction de bauxite soutenu par la Chine en sont notamment la cible.