Le Cambodge doit abandonner les poursuites engagées contre des militantes du lac Boeung Kak

Les autorités cambodgiennes doivent abandonner les charges à caractère politique retenues contre quatre femmes ayant participé à des manifestations pacifiques pour dénoncer la situation autour du lac Boeung Kak, à Phnom Penh, où près de 20 000 personnes ont été expulsées de force depuis 2008, a déclaré Amnesty International mardi 29 novembre 2011.Bo Chhorvy, Heng Mom, Kong Chantha et la responsable de quartier Tep Vanny ont été inculpées d’« entrave à agents de l’État » et d’« outrage », infractions passibles de lourdes amendes et de peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an.Lundi, les forces de police et de sécurité ont eu recours à une force excessive pour réprimer une manifestation d’une cinquantaine de femmes devant dans un bâtiment du gouvernement à Phnom Penh. Au moins six manifestantes ont été blessées, et deux auraient tenté de se suicider.Les femmes sont en première ligne d’une campagne visant à faire cesser l’expulsion de familles chassées de chez elles pour laisser place à de nouvelles constructions aux abords du lac Boeung Kak, au cœur de Phnom Penh. Des manifestations pacifiques sont régulièrement organisées.« Les autorités cambodgiennes doivent cesser de prendre pour cible les militants qui défendent pacifiquement les droits des habitants », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.« Les charges qui pèsent sur Tep Vanny et les trois autres femmes, et qui visent à étouffer une contestation légitime, doivent être abandonnées. Il faut que les autorités cessent immédiatement d’utiliser une force excessive contre des manifestants pacifiques. »Les quatre femmes ont été maintenues en garde à vue la nuit du 28 au 29 novembre, sans être autorisées à entrer en contact en bonne et due forme avec un avocat ni à recevoir de soins médicaux. Mardi 29 novembre, elles ont été inculpées puis remises en liberté sous contrôle judiciaire.« La décision des autorités d’inculper ces quatre femmes reflète une tendance inquiétante au Cambodge, où l’espace nécessaire au débat public et légitime se rétrécit », a déclaré Sam Zarifi.« Il devient de plus en plus difficile pour les citoyens de revendiquer pacifiquement leurs droits et d’exprimer leurs préoccupations. Une telle tendance peut avoir des conséquences inquiétantes sur le développement pacifique de ce pays. »En 2007, le gouvernement cambodgien a octroyé la zone du lac Boeung Kak à la société d’exploitation Shukaku, par le biais d’une concession foncière. De nombreuses familles parmi les 4 000 installées aux abords du lac ont été depuis lors expulsées de force.Les autorités avaient annoncé en août 2011 que les 779 familles encore sur place se verraient attribuer des terrains pour y construire des logements.

Toutefois, plusieurs familles ont été exclues de cet arrangement. Les habitations de huit familles ont été détruites en septembre 2011, et le processus d’allocation de terres sur la zone d’aménagement n’a pas progressé. POUR EN SAVOIR PLUSCambodge. Expulsions et résistances au Cambodge. Cinq femmes racontent leur histoire. Recommandations