Quand des étudiants prennent leur éducation en main, la confiance et les notes s’envolent

Quand des étudiants de Lisbonne, au Portugal, ont vu leurs camarades rencontrer des difficultés, ils ont pris les choses en main en leur offrant le soutien nécessaire pour qu’ils aient confiance en eux et obtiennent de meilleures notes. Nous nous sommes entretenus avec deux étudiantes qui montrent comment, en donnant aux élèves les moyens de concrétiser les droits humains dans leurs écoles, on peut améliorer les conditions d’apprentissage pour tout le monde.

Juliana Santos, élève de l’établissement Professor Reynaldo dos Santos, pendant son cours d’anglais - Lisbonne, Portugal, 10 mars 2015, © Amnesty International
Juliana Santos, élève de l’établissement Professor Reynaldo dos Santos, pendant son cours d’anglais – Lisbonne, Portugal, 10 mars 2015, © Amnesty International

Lorsqu’Ana Nunes et son amie Ana Moura, 17 ans, ont entendu que certains de leurs camarades âgés de 12 ans ne pouvaient plus assister à des cours de soutien facultatifs après l’école en raison de leur comportement et de leur manque d’engagement, elles ont eu une idée.

« Certains étudiants faisaient face à des problèmes complexes, chez eux et à l’école, qui influaient sur leur performance scolaire. C’est pourquoi nous avons créé pour eux un espace ouvert leur permettant de parler d’eux et des problèmes rencontrés, comme le harcèlement, la discrimination et le racisme », explique Ana Nunes.

Il s’agissait d’un vrai défi, mais le travail de réflexion sur la façon de motiver les élèves à suivre un autre cours sur leur temps libre a donné naissance à une approche très fructueuse. Chaque mercredi après-midi pendant une heure, les deux Ana ont organisé une réunion étudiante pour évoquer n’importe quel sujet, directement lié à l’école ou non. Cette démarche a été un vrai succès.

« Les notes des élèves se sont améliorées, de même que leur comportement en général. Ils étaient d’abord réticents mais avec le temps, ils nous ont fait davantage confiance et ils ont commencé à se faire confiance », raconte Ana Nunes.

La clé de ce succès ? Les deux étudiantes ont offert un espace libre de tout jugement et où les adultes n’imposaient pas leur autorité, où les élèves se sentaient respectés et écoutés, en dehors de la pression du cadre scolaire. « Aucun membre de l’administration de l’école n’est venu nous observer, explique Ana Nunes. La présence de quelqu’un d’autre aurait dérangé le climat de confiance qu’on voulait instaurer. »

Juliana Santos, élève âgée de 12 ans ayant assisté à ces séances, a évoqué son besoin d’un espace d’apprentissage sûr : « J’aime bien cette expérience car on peut parler de nos problèmes sans avoir honte, on se sent à l’aise pour discuter de choses sérieuses. On joue à des jeux qui nous font réfléchir et débattre de certains sujets. On a appris à s’écouter les uns les autres et à respecter l’opinion des autres. »

François Vie, élève de l’établissement Professor Reynaldo dos Santos, pendant son cours d’anglais - Lisbonne, Portugal, 10 mars 2015, © Amnesty International
François Vie, élève de l’établissement Professor Reynaldo dos Santos, pendant son cours d’anglais – Lisbonne, Portugal, 10 mars 2015, © Amnesty International

Au fil du temps, ces réunions hebdomadaires sont devenues essentielles pour les participants. « Au début, les étudiants nous voyaient comme des étrangères et avaient du mal à nous dire pourquoi ils étaient là, explique Ana, mais quand ils ont compris qu’on voulait vraiment les écouter, ils se sont ouverts et nos sessions sont devenues importantes pour eux. » Lorsqu’une séance était annulée pour une raison ou une autre, les élèves ont indiqué que ça leur manquait. Certains ont même expliqué venir à l’école juste pour cette réunion.

François était l’un des premiers à rejoindre le groupe : « Les étudiants plus âgés sont plus compréhensifs, ils appréhendent mieux notre façon de penser en tant qu’adolescents. Ils comprennent mieux nos blagues et nos problèmes. C’est plus facile de leur parler et on les respecte. »

Avec cette initiative, Ana Nunes et Ana Moura sont devenues les premières à mettre en place l’éducation par les pairs dans cette école. Au début, cinq élèves assistaient aux réunions, et deux de plus sont arrivés plus tard. Le fait d’aider de jeunes élèves en difficulté, ce qui leur est venu naturellement, est l’un des piliers du projet Écoles amies des droits humains, lancé par Amnesty International. Selon Marília Santos, enseignante à l’école de Lisbonne, cette démarche résulte d’un esprit d’émancipation en accord avec les valeurs de l’organisation : « L’approche d’Amnesty International consiste à procéder à des changements pour améliorer l’environnement scolaire, et c’est exactement ce que ces deux étudiantes ont fait », affirme-t-elle.

L’école Professeur Reynaldo dos Santos est membre du projet Écoles amies des droits humains depuis 2013. Cette initiative vise à responsabiliser les jeunes et à encourager tous les acteurs de la communauté scolaire à s’impliquer activement afin d’intégrer les valeurs et les principes des droits humains dans tous les domaines de la vie scolaire.

Depuis le lancement de ces sessions d’éducation par les pairs, Amnesty International Portugal a approfondi son travail dans cet établissement. « Sensibiliser les gens à la défense des droits humains a toujours été un sujet d’intérêt pour l’école. Ainsi, les activités d’Amnesty International ont servi à renforcer cette démarche », affirme Ana. Cette année, Amnesty International Portugal forme des « démultiplicateurs » aux questions du harcèlement et de la discrimination afin qu’ils transmettent leurs compétences et leurs connaissances aux élèves et aux enseignants de l’école.

Établissement Professor Reynaldo dos Santos - Lisbonne, Portugal, 10 mars 2015, © Amnesty International
Établissement Professor Reynaldo dos Santos – Lisbonne, Portugal, 10 mars 2015, © Amnesty International

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